PAPA LUMIÈRE

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Vous connaissez Nice ? La ville dont le poète... enfin Dick Rivers parle en ces termes : « Si t’avais connu, la Nice Baies des Agnes à moitié nue, les voitures de sport sur les avenues, tu regretterais tout ça... » Eh bien Nice, c’est là que vont atterrir Jacques et Safi qui est aussi sa fille, à Jacques. Bref, un père Blanc et une adolescente métisse, évacués en urgence d’Abidjan en 2011 après les graves troubles qui avaient alors mis la Côte d’Ivoire à feu et à sang.

Le film d’Ada Loueilh raconte un retour au pays forcé pour l’un, une découverte brutale de ce pays pour l’autre et l’absence d’une maman restée elle en Afrique, au cœur des événements. Comment faire face, comment s’intégrer, comment apprendre à se connaître et comment peut-être commencer à s’aimer un peu ?

Autant de question qui sont au cœur de ce drame familial, culturel et intime qui permet de retrouver l’un des plus grands acteurs français, Niels Arestrup, épaulé ici par une jeune comédienne éclatante de justesse et de fraîcheur, Julia Coma...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE GOOD LIE (Le statut de réfugié est toujours d'une dramatique actualité, quelle que soit l'époque. Ces deux films montrent quel long chemin il faut accomplir pour survivre...) ou encore UN INDIEN DANS LA VILLE (Faire connaissance avec son enfant, surtout quand il est adolescent et d'origine et de culture différentes, n'est pas de tout repos. Comédie ou drame social, en voici deux exemples...).

Beaucoup de cinéastes le reconnaissent : tourner un film, c’est un peu mettre de son histoire personnelle devant une caméra. Ada Loueilh, la réalisatrice de « Papa lumière » n’a pas choisi cette histoire de déracinement par hasard : à 2 ans, vivant en Côte d’Ivoire, elle et sa famille ont brusquement quitté ce pays pour rentrer en France ? Alors certes, les circonstances étaient moins graves que dans l’histoire que vous venez de voir, mais le choc, (surtout pour enfant), a été considérable. C’est d’ailleurs à Grand Bassam près d’Abidjan qu’ont été tournées les scènes ivoiriennes du film, toutes les autres se situant à Nice, sur cette Riviera que nous envie le reste du monde.

Le contraste entre la force sauvage de l’Afrique et le calme luxueux de la Côte d’Azur est d’ailleurs un des éléments narratifs et visuels importants de « Papa lumière ». Ada Loueilh, une fois ses personnages principaux accueillis par les structures sanitaires et sociales françaises, vont d’ailleurs devoir se mêler à cette vie, à cette ville tellement éloignée de ce qu’ils ont connu jusqu’ici de l’autre côté de la mer...

Un premier long métrage ambitieux et réussi qui repose aussi sur un pari : mettre face à face l’expérience et la nouveauté. La nouveauté, c’est Julia Coma, toute jeune comédienne dont c’est la première expérience sur un plateau. Son charme, sa candeur et sa force rebondissent heureusement et naturellement sur le bloc, le roc Niels Arestrup. Cet acteur-là fait partie de ceux sur lesquels le cinéma français et international, (notamment Spielberg), se reposent depuis de longues années. Une voix suave qui peut rapidement virer au tonnerre et qui contraste avec un physique brut qu’un sourire peut venir illuminer ont fait de lui un très grand second rôle, récompensé par trois César dans cette catégorie : en 2006 dans « De battre mon cœur s’est arrêté » de Jacques Audiard, en 2010 dans « Un prophète » du même Audiard et en 2014 dans « Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier.