PASOLINI, MORT D'UN POÈTE

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Pelosi, l'assassin présumé de Pier Paolo Pasolini, est arrêté par la police alors qu'il conduisait la voiture volée du poète et cinéaste. Pelosi reconnaît les faits. Mais tout ceci paraît un peu trop facile au vu de la personnalité fortement controversée de l'artiste. Le motif sexuel est-il vraiment le seul derrière cet assassinat? Les dénonciations de Pasolini concernant certains politiciens et leurs pratiques mafieuses, n'ont-elles joué aucun rôle dans ce crime crapuleux? Pelosi ne serait-il qu'un bouc émissaire?

Pasolini, Mort d'un poète est un film italien réalisé par Marco Tullio Giordana dont le titre de gloire, du moins en France, demeure Nos plus belles années, cette fresque de six heures, sortie en 2003, présentée au Festival de Cannes et qui s'étale sur quarante ans. Son Pasolini, Mort d'un poète fut tourné en 1995, et s'interroge essentiellement sur les raisons qui font que vingt ans après la disparition de l'artiste, le trou noir demeure autour de ce qui s'est réellement passé en cette nuit du 2 novembre 1975 à Ostie.

La distribution de Pasolini, Mort d'un poète compte essentiellement Nicoletta Braschi vue entre autres, dans La vie est belle, Pinocchio, Le Tigre et la neige, tous trois de Roberto Benigni, son époux à la ville, et aussi dans Down by Law de Jim Jarmusch, auprès du même Benigni. Il y a également Umberto Orsini, l'un des protagonistes des Damnés de Luchino Visconti, mais aussi d'Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre, ou encore de Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JFK (L'assassinat de Kennedy fut tout aussi trouble et politisé que celui de Pasolini. Le film d'Oliver Stone revient lui aussi sur l'enquête complexe qui s'ensuivit.) ou encore SALÒ OU LES 120 JOURNÉES DE SODOME (C'est le dernier film réalisé par le poète Pasolini, juste avant sa mort. Pas le plus facile à regarder.).

Le film Pasolini, Mort d'un poète restera sans aucun doute comme un très bel hommage au cinéaste, écrivain et poète trop tôt disparu. L'œuvre est méticuleusement documentée même si elle revêt une forme fictionnelle et fait appel à des comédiens pour interpréter les différents personnages, et il y est aisé de percevoir la quête désespérée de vérité dans laquelle se lance Marco Tullio Giordana d'un bout à l'autre de son scénario. Des critiques furent formulées à son encontre lors de la sortie de Pasolini, Mort d'un poète, en salles, quant à son aspect académique ne permettant pas à l'esprit de Pasolini de souffler à travers les images.

D'autres cinéastes ont célébré Pasolini à leur manière, tels Nanni Moretti ou Abel Ferrara, le premier dans Journal intime, sorti en 1994, où on le voit traverser sur son scooter la plage même où fut assassiné Pasolini. Le deuxième en réalisant un long métrage en 2014, très sobrement intitulé Pasolini, dans lequel Willem Dafoe compose de manière saisissante l'artiste assassiné, notamment dans ce qui fut sa dernière journée.

Le théâtre aussi célèbre Pasolini, et l'œuvre la plus marquante à cet égard demeure celle montée à Rome et à Milan, en 1995, sous le titre La Rabbia, traduisez La Rage, par l'auteur, acteur et metteur en scène Pippo Delbono, dont les spectacles sont régulièrement invités à Paris, particulièrement au théâtre du Rond Point. Et Delbono de décrire Pasolini comme un frère et un ami qui l'inspire pour chacune de ses pièces, et de le comparer à Genet et Rimbaud pour ce qui est du courage de mêler la vie à l'art et à la politique.