PÉNÉTRATIONS... MÉDITERRANÉENNES

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Amateurs de pornographie, si vous n’aimez pas les scénarios trop sophistiqués, si vous considérez qu’une narration, aussi ténue soit-elle, nuit au spectacle de séquences explicites, si la psychologie des personnages est un frein à votre plaisir, tout entier concentré sur des corps transpirants, alors Pénetrations... Mediterranéennes est le film idéal.

Encore le cinéaste fait-il l’effort – inutile – d’inventer deux play-boys, discourant devant l’océan, sur le ponton d’un bateau de croisière qui aborde le canal de Corinthe, puis parmi des ruines antiques. De quoi parlent-ils donc ? Du paysage, des navires, de la pêche, accumulant des formules à double sens, abordant enfin le sexe et les femmes, devisant sur la fidélité dans le couple, le libertinage. Autant de propos spirituels ou savants ajoutés en postsynchronisation pour justifier l’essentiel : des scènes hard filmées dans une chambre d’hôtel et dans une boîte de nuit.

Rythmées par des musiques disco, elles accumulent toutes les positions classiques qu’une poignée de hardeurs peuvent obtenir. Le cameraman est l’homme-clé des situations, se frayant une place hors-champ parmi les corps, soignant les cadrages, évitant les ombres, caméra à l’épaule. Parmi les comédiennes, soulignons la présence de Brigitte Lahaie, blondissime, alors au sommet de sa carrière érotique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CROISIERES EROTIQUES POUR COUPLES COMPLAISANTS (De Bernard Lapeyre, 1977. Autre porno maritime français, au large de la Crète.) ou encore ONDEES BRULANTES (De Jacques Orth, 1978. Autre "porno prétexte" pour monter des séquences disparates de pornographie.).

Que dire d’autre ? Je vous avais prévenu, Pénétrations... Méditerranéennes n’est qu’un fantôme de scénario, un prétexte à raccommoder des séquences hard, grâce aux vertus du montage et des voix off. Le titre est caractéristique du cinéma de ces années-là. Entre 1975 et 1980, il y eut beaucoup, beaucoup de Pénétrations : elles furent Humides, Lubriques, Multiples, Pornographiques, Spéciales, Vicieuses, Furieuses ou Sauvages.

L’homme qui les imagina "méditerranéennes" est un artisan passionné de la série B française, Jean-Marie Pallardy, ici derrière le pseudonyme de Boris Pradley. Ancien mannequin, portant beau, il a toujours aimé se distribuer dans ses œuvres. C’est l’un des deux playboys bavards de ce film. Pallardy ne laisse pas d’empreinte mémorable dans le cinéma classé X, plus à son aise dans les comédies soft comme Le journal érotique d'un bucheron, dans les parodies gaillardes telles que L’arrière-train sifflera trois fois et L’amour chez les poids-lourds, version sexy de L’odysée, ou encore dans les films d’action avec Fred Williamson et Gordon Mitchell.

Le hardeur le plus âgé, septuagénaire à l’époque, oeuvrant allégrement dans la discothèque, est Robert Leray, dans le milieu du spectacle depuis les années trente où il officiait comme boy de revues auprès de Mistinguett. Figure marquante du hard des années 70, il incarne le majordome trouble de Brigitte Lahaie dans Je suis à prendre, le lord libertin dans le psychédélique Sensations de Lasse Braun, le pdg obsédé par l’hygiène dans Les Hotesses du sexe, le comte égrillard venant prendre pension dans la clinique sexuelle des Goulues, le rôle-titre de l’amusant Cris et suçottements dans l'arrière-boutique du libraire. Ses apparitions sont toujours réjouissantes, vengeant de longues années de figurations ingrates dans le cinéma traditionnel, malgré une prestation importante dans La bataille du rail. Doublure lumière de Jean Gabin, avec lequel il entretient une petite ressemblance, il fut congédié lorsque celui-ci apprit ses incartades érotiques. Qu’importe, car Leray méritait beaucoup mieux que l’ombre et les panouilles. On apprit son décès en 1996, à 88 ans.