PHÉNIX, L'OISEAU DE FEU

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"Monsieur Tezuka était de ceux dont le destin est de nous montrer le chemin. Il était extraordinairement altruiste et talentueux. Monsieur Tezuka, du fond du coeur, je veux vous dire : merci." écrivait René Laloux réalisateur en 1973 de La Planète sauvage d'après des dessins de Roland Topor et des Maîtres du temps en 1981, d'après Moebius. Les Japonais surnomment Tezuka "le dieu des mangas" et ce surnom n'est pas usurpé puisque il a produit plus de 150 000 planches de B.D, 500 albums vendus à plus de 100 millions d'exemplaires et 88 films ou séries d'animation. Un Titan dont l'apport au manga moderne est considérable. Déjà, le cinéma n'était pas loin puisque son style révolutionnaire, trépidant, vient de son admiration pour les films d´animation américains, et plus particulièrement pour les frères Fleischer et Walt Disney. Sans le savoir, il a établi une grande partie des codes et des techniques du manga moderne. Le maître du manga a maintes fois lâché le crayon de la bande dessinée pour l’animation pure, essentiellement pour huit courts métrages. En effet, ils sont un condensé idéal des thématiques qui lui sont chères : l’écologie ou les stigmates de la guerre 39-45 avec La légende de la forêt, et la liberté d’expression avec La sirène ou Histoires du coin de la rue. Osamu Tezuka utilise l’animation comme un vecteur de messages, et porte un regard très humaniste sur le monde qui l’entoure.
Mais il joue aussi avec les références. On retrouvera ainsi des personnages chers à...Walt Disney, disséminés dans ses histoires comme les sept nains ou la sorcière de Blanche-neige et sa pomme empoisonnée. A l’instar des cartoons Mickey de la première époque, il ne s’appuie que sur la musique pour étayer ses images. Tableaux d’une exposition est ainsi un clin d’œil au Fantasia de Disney.
Le ton est à la fois tendre, drôle, poétique, et très mature. Tezuka utilise tout le panel des techniques d’animation, avec une liberté et une créativité folles. Le film cassé est une parodie des premiers essais cinématographiques, avec rayures et images qui sautent. Autoportrait est un exercice de style qui le met en scène sous différentes apparences. Et dans Le saut, il utilise une caméra subjective, place le spectateur comme acteur, pour montrer l’importance du point de vue cinématographique. Dommage que le dieu du manga, papa d'Astroboy a la télévision, n'ait pas fait plus de cinéma.

Là, je dois avouer que je suis bluffé. Ce film est une très grande réussite ; une fable à la fois terrible, triste, humaniste, et violente, mais en même temps tellement belle et poétique. Le tout servi par un scénario très élaboré. Du grand Tezuka. Seules ombres au tableau ...