PLEASURE

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Il s’agit du premier long-métrage de la réalisatrice suédoise Ninja Thyberg. Militante féministe depuis ses 16 ans, Thyberg a longtemps eu une image négative de l’industrie pornographique, tout en étant fasciné par elle, au point d’en faire un objet de recherche durant ses études. 

L’envie de réaliser un long-métrage sur une porn star est passée par la réalisation d’un court-métrage (Pleasure), en 2013. Ne se sentant pas légitime à parler d’un sujet dont elle est extérieure, elle travaille pendant 6 ans, faisant des allers-retours entre la Suède et les Etats-Unis, pour en savoir plus sur la réalité du milieu de la pornographique. Il en résulte un portrait passionnant et réaliste d’une industrie méconnue : « J'ai été témoin de tout ce qui se passe dans Pleasure. Chaque situation, chaque réplique est inspirée de faits réels que j'ai observés ». 

Pleasure est aussi le premier film de la jeune Sofia Kappel, qui incarne Bella Cherry. La suédoise a participé au casting grâce à un ami commun de la réalisatrice, et avant tout pour dépasser ses craintes, dans le cadre d’une thérapie qu’elle suivait à l’époque. Mais, à sa grande surprise, elle a vécu une expérience incroyable durant l’audition, qu’elle décrit comme une « sortie de son corps », pour entrer dans la peau de Bella : « je n’étais plus moi-même, et j’ai adoré ça ». Après un an et demi de recherche et 600 actrices auditionnées, Ninja Thyberg choisit Sofia pour incarner sa Bella. 

Le film a été remarqué par la critique, et a fait partie de la  Sélection Officielle de Cannes 2020, du Festival du film de Sundance 2021, du Festival du cinéma américain de Deauville 2021 où il obtient le prix du jury et au festival slovaque Art Film Fest où il est récompensé des prix du meilleur film et de la meilleure actrice.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SHOWGIRLS (Parce que ce film sulfureux, consacré aux stripteaseuse de Las Vegas, est aussi une réflexion sur la place des femmes dans une société machiste, comme "Pleasure".) ou encore RED ROCKET (Parce qu'on y rencontre un acteur porno haut en couleur : alors que sa carrière est au point mort, il se retrouve à vivoter dans le sud profond des États-Unis.).

Face à Sofia Kappel, le reste du casting est pour le moins expérimenté puisqu’il est constitué de professionnels de l’industrie du X.

Evelyn Claire, qui joue Ava, est une star du X et, comme dans le film, une « Spiegler Girl », depuis 2019. Zelda Morrison, qui interprète avec beaucoup de justesse Joy, l’amie trahie, est aussi une actrice X. La réalisatrice s’amuse aussi des images des différents acteurs et actrices qu’elle emploie pour le film. Ainsi, Lance Hart, qui joue l’affreux Ceasar qui humilie Joy en lui faisant lécher ses chaussures, est connu pour jouer dans des films pornographiques gay, bi, hétéro, femdom (domination féminine) et milite pour une production éthique, ouverte d’esprit et plus féminine. Par ailleurs, depuis le tournage de Pleasure, il a entamé une transition et officie désormais en tant que Lucy Hart ! 

Mark Spiegler, qui fait tant rêver Bella, joue son propre rôle. Il est effectivement agent d’actrices X depuis bientôt 20 ans (il a fondé l’agence Spiegler Girls en 2003) et est connu pour gérer la vie de ses actrices, en les conseillant pour la gestion de leur argent (c’est un ancien trader) et pour leur imposer un mode de vie strict : pas de drogue, d’alcool, d’écart de conduite, et un coucher à 22h. Une sorte de Guy Roux de la Porn Valley, en somme… 

Pour Ninja Thyberg, le porno est aussi une métaphore, et un miroir grossissant de la société patriarcale. Il était donc très important de rendre compte de l’expérience de cette industrie très masculine (la plupart des agents, des producteurs et des réalisateurs sont des hommes) du point de vue de Bella, son personnage. Elle espère également que son film encouragera les spectateurs (dont les fantasmes sont la source des productions pornographiques) à être plus respectueux envers les travailleurs du sexe.

Quelques chiffres pour introduire le sujet : Chaque seconde, 28,258 internautes sont en train de visionner du porno, et chaque seconde toujours, $3,075 sont dépensés en abonnements divers à des sites "peu convenables". 12% des sites internet sont des sites à caractère pornographique ...

Un environnement dirigé par le male gaze abordé à travers un female gaze (ouais, j'adore me la péter bêtement avec des termes anglophones au lieu de chercher des substituts français !). La réalisatrice Ninja Thyberg aborde d'une manière frontale un univers que l'on dissimule ...

Nous arrivant précédé d’une réputation très sulfureuse, ce premier long métrage réalisé par la suédoise Ninja Thyberg, d’après son court du même nom remarqué en 2013, et labellisé Cannes 2020, entend nous immerger dans le monde du porno contemporain de L.A. avec ...