PLEINS FEUX SUR L'ASSASSIN

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Comme dans de nombreux romans ou scénarios du tandem Boileau-Narcejac - Les Diaboliques par exemple- une disparition est au cœur de Pleins feux sur l'assassin. Le comte de Kéraudren auquel son médecin ne donnait que quelques heures à vivre se volatilise mystérieusement. Comme l’explique le notaire à la famille, "médicalement l'oncle est mort, juridiquement il est absent". Et pour payer les frais et impôts de son château, cousins et cousines décident de monter un Son et Lumière.

Mais à la façon des Dix petits nègres d’Agatha Christie, les morts brutales s’enchaînent, pendant que le spectacle se prépare dans le cadre inquiétant du château. Georges Franju retrouve ici Pierre Brasseur qu’il venait de diriger dans Les Yeux sans visage. Mais il qualifie lui-même le ton de son film de "fantastique puis humoristique" propre à susciter un "rire grinçant".

Aux côtés de Dany Saval, Jean-Louis Trintignant tente d’identifier l’assassin et explore tous les recoins du château de Bretesche où se déroula l’essentiel du tournage. Signalons que le film a disparu lui-même après sa sortie et que son négatif a fini par être retrouvé trente ans plus tard au début des années 90 dans des boîtes qui portaient le titre initial : Le Château des mystères !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES DIABOLIQUES (Maitres du roman à suspense français, Boileau et Narcejac ont écrit le scénario de "Pleins feux sur l'assassin". Ils sont aussi à l'origine des "Diaboliques" ainsi que de "Sueurs froides" d'Hitchcock.) ou encore LE MONOCLE NOIR (Un autre vieux château breton sert de cadre à cette parodie cocasse de films d'espionnage.).

Pleins feux sur l'assassin est parfois considéré comme une réalisation mineure dans l’oeuvre de Georges Franju. N’empêche on voit bien que le cinéaste s’est vraiment approprié cette histoire et l’a intégrée à son univers. Les oiseaux qui ont envahi la tour font bien sûr penser aux colombes d’Edith Scob dans Les Yeux sans visage et les cadavres de volatiles sur la table et autour du cou de Jean Babilée annoncent d’une certaine manière la scène du bal de Judex et son héros à tête d’aigle. Franju considérait en fait ce film comme une sorte d’exercice de style dont le personnage central est le château lui-même.

A la sortie de ce polar aux accents insolites, le cinéaste avait justement défini le sujet en ces termes : "un spectacle Son et Lumière, donné dans un château en Bretagne. Il n'y a pas de différence de ton entre le spectacle proprement dit et l’intrigue". Pleins feux sur l'assassin joue donc sur les frontières mouvantes entre réalité et fiction. Le spectacle Son et Lumière est rejoint par des événements dramatiques "réels". Or pendant le tournage, huit jours après la scène de l'enterrement, la propriétaire du château trouva la mort. Comme les gens des environs commençaient à accuser l'équipe de son décès, les prises de vues durent s’arrêter. Finalement pour le vrai enterrement de la châtelaine, ce sont les tentures et le corbillard du film qui ont été réutilisés. Le petit-fils de la défunte venu assister à la cérémonie a même emprunté le costume noir de Trintignant.

Franju s’attache donc à soigner l’atmosphère visuelle sans négliger le son : on pense bien sûr à la chanson de Brassens qui accompagne la séquence des funérailles, mais aussi à la B.O. de Maurice Jarre, qui n'allait pas tarder à recevoir un Oscar pour la musique de Lawrance D'Arabie et qui fut ensuite pendant quelques années l’époux à la ville de Dany Saval, l’interprète ici de Micheline. Quant à Marianne Koch -la cousine Edwige- son visage est familier aux amateurs de western-spaghetti puisque cette comédienne allemande a joué notamment dans Pour une poignée de dollars. Au début des années 1970, elle a mis fin à sa carrière cinématographique et repris les études médicales qu’elle avait interrompues pour devenir médecin à Munich !

C’était sympa !Les trois Franju que j’avais vus jusqu’alors étant tous les trois très différents (jugez plutôt : Les Yeux sans visage, Thomas l'imposteur, Le Sang des bêtes), je ne savais en conséquence pas trop à quoi m’attendre avec celui-ci en le lançant ...

Réalisé entre "Les yeux sans visage" et "Thérèse Desqueyroux", "Pleins feux sur l’assassin" affiche un générique alléchant sur fond d’images de nuit du château où va se dérouler l’intrigue : Boileau-Narcejac au scénario et aux dialogues, Maurice Jarre à la musique, ...