PRUDENCE ET LA PILULE

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Prudence et la pilule est une curiosité, le produit d’une époque révolue, ce qui demande de revenir sur le contexte pour en mesurer aujourd’hui la portée, ou au moins comprendre pourquoi quelqu’un a pu penser qu’un sujet pareil pourrait faire un succès en salles. 

L’arrivée de la pilule contraceptive dans les années 60 était une véritable révolution qui a ouvert des portes jusque-là interdites par la morale.  Et la possibilité de contrôler les naissances n’a pas manqué d’inspirer une farce qui se veut légère.

Le principal ressort de ce film centré sur un couple d’Anglais aisés s’enclenche lorsque le mari joué par David Niven remplace les pilules contraceptives de son épouse par de l’aspirine. En même temps, le majordome remplace les pilules de la bonne par des tablettes de vitamines. Laquelle remplace ce qu’elle croit être ses vitamines par ce que sa patronne croit être ses pilules.  La même chose arrive dans la maison du frère de David Niven. A la fin, deux épouses, une fille et une bonne sont enceintes. On peut appeler ça une comédie bon enfant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA GARÇONNIÈRE (Comédie inspirée par un début de libération des moeurs) ou encore TAKING OFF (L'irruption de nouvelles moeurs , en l'occurrence l'usage des drogues douces, dans le quotidien d'une famille ordinaire.).

A l’époque de Prudence et la pilule, David Niven était âgé de 57 ans et il avait déjà tourné dans plus de 80 films, dont 8 nommés aux Oscar : Cleopâtre, Les révoltés du Bounty, Dodsworth, Les hauts de Hurlevent, Honni soit qui mal y pense, Le tour du monde en 80 jours, Tables séparées et Les canons de Navarone. Autant dire qu’il n’avait rien à prouver quand il a accepté de tourner cette comédie aux côtés de Deborah Kerr, avec qui il avait déjà tourné 4 fois, dans Tables séparées (58), Bonjour tristesse (58), Le mystère des 13 (1966), et Casino royale (67). Quant à Robert Coote, qui joue son frère, il l’avait déjà croisé dans Une question de vie ou de mort de Michael Powell.

Niven se félicitait de ne jamais avoir été en retard en 40 ans de carrière : « Je suis suffisamment bien payé, disait-il, alors la moindre des choses c’est d’arriver sobre, à l’heure et de connaître toutes les blagues ».  A propos de blague, il affirmait que pour un cinéaste, la chose la plus difficile à faire, c’est la comédie. C’est dur à écrire, très difficile à mettre en scène, et pas du tout facile à jouer. Il n’y a pas de filet de rattrapage. Il ne faisait pas spécialement référence à Prudence et la pilule, mais le tournage a dû se révéler difficile, et le film s’en ressent.  Le rythme n’est pas consistant, certaines scènes sont anormalement longues au début alors qu’elles ont l’air d’avoir été expédiées à la fin, il y a des ellipses incompréhensibles, et certains personnages ne sont pas suivis. 

De fait, le film a été commencé par Fielder Cooke, un réalisateur qui a travaillé principalement pour la télévision, mais à la suite de disputes avec les producteurs, il a été remplacé par Ronald Neame, un solide réalisateur qui avait commencé comme directeur de la photographie avant de réaliser 26 films dont L’Aventure du Poséidon en 1972. Quant au scénariste Hugh Mills, il s’est signalé en collaborant à l’écriture de quelques films français comme Maria Chapdelaine pour Marc Allégret, ou Monsieur Ripois pour René Clément.

Après 12 ans de mariage, Prudence et Gerald Hardcastle (Deborah Kerr et David Niven, géniaux) ne peuvent plus se supporter, ne se fréquentant qu’aux repas. Le frère de Gerald (Robert Coote) lui ayant annoncé que sa femme Grace (Joyce Redman) est tombée enceinte par la ...