Q

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En 1974, Jean-François Davy imagine un scénario futuriste. Il situe son récit en 1980 et envisage un avenir hautement fantaisiste. Seule prémonition qui se révèlera  exacte : la suppression de la peine de mort et la mise au chômage des bourreaux.

En ces temps futurs (1980 donc) les hommes, épuisés par le boulot,  satisfont de moins en moins les femmes. Gilles Pilard, le héros de cette histoire et ses deux meilleurs amis sont tous trois en parfaite possession de leurs moyens, ce qui fait qu'il sont en but à l'appétit insatiable de leurs contemporaines légèrement frustrées. ça leur donne l'idée de créer un bordel pour nanas, pardon, un lieu de plaisir pour femmes en manque. Et ça marche, ça marche si bien que les affaires deviennent plus que florissantes et ils sont bientôt obligés d'ouvrir des succursales un peu partout dans l'hexagone.  Tout cela est pimenté d'une histoire d'amour cornélienne dont je vous laisse découvrir les ressorts. 

Humour potache, gags énormes et plaisanteries salaces sont au menu de cette sympathique comédie érotique qui, bien que se situant théoriquement en 1980, nous en dit long sur le milieu des années soixante-dix en France.

Vous aimez les costumes cintrés, les cols de chemises "pelle à tarte", le papier peint psychédélique, les mini-jupes et les jolies femmes peu farouches ? Si oui, bienvenue au royaume de Q !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CALMOS - BERTRAND BLIER (1976) ou encore LA GRANDE BOUFFE - MARCO FERRERI - (1973) .

Ce qu'il y a d'amusant avec ce film, c'est de voir qu'après une trentaine d'années de gaullisme et de pompidolisme le frémissement ressenti à l'avènement de Giscard laissait entrevoir des lendemains qui bandent (si vous m'autorisez l'expression).

Avant le  Patrick Schulmann de "Et la tendresse, Bordel !"  et le Bertrand Blier de "Calmos", Jean-François Davy se penche sur les "pseudos ravages" de la libération sexuelle qui poussent les femmes à être de plus en plus exigeantes avec leur partenaires

Autant Patrick Schulmann nous disait que le remède se trouvait dans l'amour romantique, autant Bertrand Blier poussait le postulat à l'extrême transformant les hommes en gibier pour des amazones prédatrices et obsédées sexuelles. C'est ce que Davy amorçait dans son Q. (Je sais, elle est facile mais je n'ai pas pu m'en empêcher).

Peut-être aurez vous remarqué que, dans la scène cauchemardesque de la banque du sperme, la machine automatique pour l'éjection du sperme est en fait un lecteur vertical de bandes magnétiques 35mm tel qu'on en trouvait à l'époque dans les studios de mixage cinéma.

Les physionomistes distingués auront sans doute reconnu dans des apparitions furtives des débutants qu'on allait retrouver ultérieurement dans des univers très différents.  

Lydia Feld, qui joue l'aspirante secrétaire du début, "Celle qui ne sait pas taper à la machine mais qui se débrouille pas mal" a coécrit et joué Maine-Océan avec Jacques Rozier une douzaine d'années plus tard.

Claude Melki, l'un des élèves qui suit des cours théoriques dispensés par Nanette Corey sera le héros d'un superbe film que Jean-François Davy produira grâce aux bénéfices d'Exhibition : L'acrobate de Jean-Daniel Pollet. Son compagnon de classe est interprété par Bouboule qui allait devenir un des proches les plus fidèles de Coluche à sa grande époque.

A l'instar d'Hitchcock, Jean-François Davy fait une apparition dans son film où il incarne... un réalisateur de cinéma qui est là pour renouveler le genre pornographique.