QUO VADIS

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Quo vadis est la sixième adaptation du roman d’Henryk Sienkiewicz, spécialiste du roman historique également auteur des Chevaliers teutoniques.  Le titre en latin (normalement suivi d’un point d’interrogation) fait référence à une question de Saint Pierre à Jésus Christ  portant sa croix : « Quo vadis Domine ? », « Où vas-tu, Seigneur ? ». Située au premier siècle, l’histoire est celle, éternelle, de la lutte pour la liberté de conscience : le roman de Sienkiewicz était ainsi une métaphore de la conversion forcée des catholiques polonais à la religion orthodoxe par les Russes, et valu à son auteur le Prix Nobel de littérature en 1905.
La plus célèbre adaptation du roman fut réalisée en 1951 par Mervyn LeRoy avec Robert Taylor, Deborah Kerr et Peter Ustinov.  Cette nouvelle version réalisée par Jerzy Kawalerowicz est en quelque sorte un retour aux sources puisque, après l'Italie (le Quo Vadis ? de 1913 lance le genre du film antique, juste avant le célèbre Cabiria de Pastrone) et Hollywood, le roman est adapté pour la première fois dans le pays d’origine de son auteur : la Pologne.
Grosse production, ce Quo vadis a été distribué sous plusieurs formes : une version cinéma de trois heures, rallongée pour la télévision polonaise en 6 épisodes de 45 minutes et, enfin, le montage de deux heures qui vous est présenté ici.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SIGNE DE LA CROIX (Une autre reconstitution des débuts du christianisme et de l’incendie de Rome. L’interprétation de Néron par Charles Laughton a marqué les mémoires.) ou encore AGORA (4 siècles avant le règne de Néron, en Égypte, ce sont les chrétiens qui prennent le pouvoir et persécutent les autres religions, sur fond d’amour et d'interrogations philosophiques.).

Moins connu en France qu’Andrzej Wajda ou Jerzy Skolimowski, Jerzy Kawalerowicz (1922-2007) est un des grands cinéastes polonais. Il débute sa carrière en 1951 et Quo Vadis est le dernier de ses dix-sept films. Son film Train de nuit (1959), qui se déroule à bord d’un wagon-lit, est remarqué au festival de Venise et, en 1961, Mère Jeanne des Anges reçoit le Prix spécial du jury du Festival de Cannes. En 1967, Le Pharaon est nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger.
Scénariste de tous ses films, Kawalerowicz plonge volontiers dans la culture de son pays, adaptant les romans d’auteurs polonais comme Henryk Sienkiewicz (Quo Vadis), Jurek Becker (Bronsteins Kinder, 1991), Boleslaw Prus (Le Pharaon) ou russes comme Léon Tolstoï (Pourquoi ?, 1996).
Cofondateur de l'Association des cinéastes polonais, dont il est le premier président de 1966 à 1978, Kawalerowicz est comme Wajda l’auteur d’une œuvre éminemment politique qui utilise les fastes de la reconstitution historique pour mieux parler du présent, à la manière justement des romans de Sienkiewicz.  Mère Jeanne des Anges s’inspire de l’affaire de sorcellerie de Loudun, transposant en Pologne ce fait divers qui se déroula dans la France de Louis XIV. Il s’agit, comme dans Le Pharaon, spectaculaire reconstitution de l’Egypte antique, de mettre en garde contre le détournement de la foi religieuse à des fins politiques : le monarque progressiste est renversé par les prêtres conservateurs et, dans Quo Vadis, Néron opprime les chrétiens pacifiques.
Contrairement aux fresques hollywoodiennes, ces péplums polonais surprennent par leur sobriété, un style sec qui n’est pas dû à un manque de moyens (la nombreuse figuration du Pharaon a été fournie par l'Armée rouge) mais correspond à une volonté de privilégier la réflexion.

Soyons clairs, ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de visionner un film polonais... Pour ma part, j'aurais même un a priori négatif. Mais, suite à la lecture du roman, j'ai trouvé l'adaptation sur Utube et je me suis dis "why not?" même si je m'attendais au pire ...