RABBIT HOLE

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Après Hedwig et Shortbus qui poussaient assez loin les limites de la comédie de mœurs, John Cameron Mitchell semble s’assagir en traitant  pour la première fois , et sans l’ombre d’un sarcasme, un drame intimiste. Adapté d’une pièce à succès,  Rabbit hole suit un couple en plein travail de reconstruction , 8 mois après la mort de leur fils de 4 ans. De la thérapie de groupe à la vente de leur maison, en passant par les drogues et même le sexe, tous les moyens, mêmes les plus improbables, sont envisagés pour essayer de trouver une issue.

La force du film repose sur le dynamisme d’une histoire transitoire : les personnages sont en plein changement,  et nous assistons à leur mutation.

Nicole Kidman , également productrice du film, retrouve le registre dramatique qui la met le mieux en valeur : celui de The hours et Eyes wide shut plutôt  que celui de Moulin Rouge. Face à elle, Aaron Eckhardt révèle lui aussi une gamme d’expressions complexes dans le domaine pas si facile du drame domestique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BABEL (Pour l'épisode où un couple qui a perdu son enfant cherche à rebondir.) ou encore ICE STORM (Pour la description de la vie de banlieue.).

Le scénario de Rabbit hole est adapté par David Lindsay-Abaire de sa propre pièce, qui a recu un prix Pulitzer et 5 nominations aux Tony awards.  Alors qu’il s’était fait connaître auparavant avec des comédies, il change de registre avec ce sujet dramatique, inspiré par un précepte de sa prof de théâtre qui lui conseillait d’écrire sur ce qu’il redoutait le plus. Il n’avait jamais vraiment compris le message jusqu’à ce qu’il ait un fils. Par la suite, il a lui-même transposé sa pièce pour le cinéma,  et tenait à garder la même  dose d’humour que dans la pièce.

Pendant l’écriture du scénario, les producteurs ont pensé à en confier la mise en scène à John Cameron Mitchell, parce qu’il est lui-même issu du theatre new yorkais : son premier film Hedwig est adapté de la comédie musicale  jouée off broadway, dont il est également le coauteur. Il est possible que le script de Rabbit hole ait attiré John Cameron Mitchell pour des raisons personnelles, sachant qu’il a perdu son frère âgé de dix ans, alors que lui-même avait 14 ans. Pour lui, Rabbit hole n’est pas seulement une histoire de deuil. Son thème majeur est l’absence de communication. Il ajoute qu’il ne trouvait pas réaliste de traiter une histoire pareille, par nature tragique, sans un certain humour.

 Symboliquement , le titre Rabbit hole fait référence à Alice au pays des merveilles et évoque le  plongeon d’Alice dans un univers nouveau. Dans le film, le titre établit un parallèle avec l’obligation pour le couple de s’adapter à leur nouvelle vie sans leur fils.  Rabbit hole est aussi le titre de la bande dessinée écrite par le responsable de la mort accidentelle du fils. Il s’agit d’une histoire de science-fiction dont le héros cherche son père dans un monde parallèle. La bande dessinée a été  confiée spécialement pour le film à un jeune auteur de romans graphiques, Dash Shaw. James Cameron Mitchell, lui-même fan de comics,  a été tellement séduit par le résultat qu’il a décidé de produire  le projet de film d’animation du dessinateur. 

16 nominations, dont une aux Oscars pour Nicole Kidman pour celui de la meilleure actrice, un sacré palmarès, même si finalement aucun prix n'aura été remporté, mais qui néanmoins poussait notre attention vers ce film singulier sur la perte d'un enfant. Becca (Nicole Kidman) ...

À mille lieues de Shortbus — forcement —, ce très beau film sur le deuil et le couple surprend par sa distance et l'absence, voulue, de sombrer dans le pathos. Nicole Kidman a rarement été aussi juste, Aaron Eckhart est comme souvent impeccable. ...

Sur un sujet très dur, John Cameron Mitchell nous livre un film étonnamment exempt de tout patho. Pourquoi « étonnamment » ? Car souvent dans ce genre de film, on en profite pour rajouter de multiples couches afin de forcer le spectateur à pleurer. Rabbit Hole n'est pas de ...