RAISON ET SENTIMENTS

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Nous sommes en 1995 : deux siècle exactement séparent la première version du roman de Jane Austen, Sense and sensibility, de ce film mis en scène par Ang Lee. La romancière britannique, née le 16 décembre 1775 à Steventon, dans le Hampshire a écrit de nombreux livres parmi lesquels trois œuvres majeures : Sense and Sensibility, Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés), et Emma, tous trois très adaptés à la télévision et au cinéma. Le réalisateur sino-américain est né à Taïwan le 23 octobre 1954 et a réalisé jusque-là trois films imprégnés de culture chinoise, de quête d’identité et d’attraction pour l’Occident (Pushing Hands, 1992, Garçon d’honneur (The Wedding Banquet) 1993 et Salé Sucré (Eat Drink Man Woman), 1994. C’est dire qu’au delà des deux siècles, un monde sépare ces deux-là. Mais pourtant, Ang Lee, chantre des sentiments et des secrets est bel et bien l’homme de la situation pour mettre en scène cet univers british régi par les convenances et donner vie aux peines d’amour des sœurs Dashwood. Il faut dire qu’il est aidé par un magnifique scénario, signé Emma Thompson, qui valut à cette Anglaise grand teint un Oscar de la meilleure adaptation. Actrice de théâtre et de télévision révélée au début des années 1990 dans Henry V, et surtout Dead again de et avec Kenneth Branagh, Emma Thompson interprète également la très sage Elinor. Elle a sillonné le répertoire anglais et s’est illustrée notamment dans les films de James Ivory : Retour à Howards End et Les Vestiges du jour, le premier lui valant un Oscar pas volé de la meilleure actrice, en 1993. Autour d’elle, Kate Winslet, Hugh Grant, Alan Rickman et, dans un petit rôle de râleur, celui qui allait devenir le Dr House de la télévision, râleur invétéré, le ci-devant Hugh Laurie.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver COUP DE FOUDRE À BOLLYWOOD DE GURINDER CHADHA (BRIDE AND PREJUDICE, 2004) ou encore EMMA, L'ENTREMETTEUSE DE DOUGLAS MCGRATH (EMMA, 2005) .

Tourné en 1995, Raison et sentiments, la plus réussie des adaptations cinématographiques de Jane Austen à ce jour, réunit de grands noms du cinéma qui firent encore parler d’eux par la suite. Ang Lee, ne cessa de sillonner les genres et, après le magnifique Tigre et Dragon (Crouching Tiger / Hidden Dragon, en 2000), gagna l’Oscar du meilleur réalisateur avec Brokeback Mountain en 2005. Hugh Grant continua à jouer les séducteurs bafouillants dans Quatre mariages et un enterrement ou Coup de foudre à Notting Hill. Alan Rickman participa en tant que Severus Rogue, professeur de potion, à la saga des Harry Potter. Quant à Kate Winslet, qui interprète ici la jeune sœur d’Elinor, Marianne, et n’en était qu’à son troisième rôle à l’écran, est-il utile de préciser qu’elle fut ensuite l’inoubliable Rose de Titanic de James Cameron ? C’est en 1994, dans le film du Néo-zélandais Peter Jackson, Créatures célestes (Heavenly Creatures), que l’on a découvert cette belle Anglaise née en 1975. Elle fut ensuite la fragile Ophélie dans Hamlet de Kenneth Branagh (1996) et Sue, torturée par son amour illicite dans Jude, la très belle adaptation de Jude l'obscur de Thomas Hardy par Michael Winterbottom (1996). Embarquée à bord du Titanic, comme son partenaire Leonardo Di Caprio, Kate Winslet aurait pu se laisser déborder par la déferlante du succès. Mais la jeune comédienne a gardé les pieds sur terre. Malgré quelques films oubliables, comme Holy Smoke de Jane Campion, Quills, la plume et le sang de Philip Kaufman, ou La vie de David Gale de Alan Parker, elle reste une actrice inattendue et passionnante et le prouve en revenant sur le devant de la scène avec le très réussi Eternal Sunshine of the Spotless Mind du singulier Michel Gondry, en 2004. Délicieuse dans Neverland de Marc Foster (2005) face à Johnny Depp, elle réussit son passage à la comédie romantique signée Nancy Meyers avec The Holiday l’année suivante et gagne, enfin, son Oscar de la meilleure actrice en retrouvant Leonardo Di Caprio dans Les Noces rebelles de Sam Mendes en 2009. 

Raison Et Sentiments est un chef d’œuvre. En plus de cela, c’est pour moi un très beau film, tiré du roman éponyme de Jane Austen que je n’ai pas lu. Fidèle au roman, est-ce une bonne adaptation ou pas, je ne saurais vous dire, mais de ce que j’en vois, je dirais que ...

Il est d'abord surprenant de découvrir le nom du jeune Ang Lee derrière ce projet d'adaptation de Jane Austen, lui qui n'avait alors que trois films taïwanais à son actif, et on se rend vite compte qu'il parvient à se fondre dans le romantisme anglais, digne de l'auteure d'Orgueil ...

Revu sur Arte ce film de Ang Lee : une superbe interprétation d'Emma Thompson, une Elinor tout en silences et en non-dits, en retenue et en frémissements : celle qui aime et n'en laissera rien paraître, dût-elle pousser le sacrifice jusqu'à son extrême limite, oblative et ...