RÊVES DE CUIR

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1991, un étrange Ovni traverse le ciel du X français.
Rêves de cuir atterrit dans les bacs des vidéoclubs et va rapidement obtenir le statut de film qui restera dans les anales. 

Et pour cause, Francis Leroi y explore avec talent les fantasmes les plus obscurs et les moins avouables de la fascinante Zara White.
Le point de départ de cette histoire (voir le résumé ci-dessus) est des plus anodins. Mais... Un script ambitieux et complexe, une esthétique inventive et une mise en scène particulièrement soignée sont au service de cette œuvre superbe. 
Leroi décline avec gourmandise les figures imposées du genre. Soumission, flagellation, humiliation, rien n'est épargné à la belle Zara qui en redemande.

Mais attention, rien de sordide ou de trash dans tout cela. Nous restons dans le SM sophistiqué et chic. Comme avec son héroïne, Francis Leroi joue à brouiller notre perception des situations et l'on finit par ne plus savoir faire la différence entre les scènes fantasmées et la réalité.  C'est justement ce qui rend ce film si troublant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver OBSESSIONS CACHÉES (DE ANDREW BLAKE) ou encore MAÎTRESSE (DE BARBET SCHROEDER) .

Pour les amateurs de fantastique, Rêves de cuir est un authentique hommage au Videodrome de David Cronenberg. Mais Francis Leroi s'amuse également à citer d'autres influences comme John Willie, le père de Gwendoline, ou Irving Klaw le mentor de Betty Page, sans oublier un clin d'œil appuyé à Derrière la porte verte des frères Mitchell. Homme de goût, de culture et cinéphile averti, Francis Leroi, influencé par la Nouvelle Vague, dirige ses premiers films à la fin des années soixante. Il met sa carrière de cinéaste entre parenthèses pour produire en 1975 Le sexe qui parle de Frédéric Lansac qui lui apportera un confort financier pour revenir ensuite à la mise en scène. Je suis à prendre avec Brigitte Lahaie ou Petites filles au bordel avec Julia Perrin sont des petits bijoux qui resteront gravés dans la mémoire des fans du cinéaste.

Outre son originalité, Rêves de cuir tient le pari d'être un film quasi muet, sans la moindre ligne de dialogue. 
Il est amusant de noter qu'une dizaine d'années avant The Ring, Francis Leroi raconte l'histoire d'une cassette vidéo qui vient bouleverser la vie et le comportement de ceux ou celles qui la regardent. A l'époque du tournage, en 1991, Deborah Welles et Christophe Clark filent le parfait amour et tourneront pas mal de films intéressants ensemble avant de se séparer, comme Délit de séduction ou La Vénus bleue de Michel Ricaud. Sophie, la jolie blonde experte en flagellation fera carrière sous le nom de Tenessy. C'est une ancienne miss France qui fit scandale en posant nue dans Lui. Elle passera ensuite au hard et tournera sous la direction de réalisateurs aussi intéressants que Ricaud ou Salieri. Zara White ne s'est jamais cachée d'avoir commencé sa carrière comme call-girl de luxe. Cette ravissante hollandaise démarre son parcours dans le X avec Rocco Siffredi dans une scène anale restée célèbre de Buttman's ultimate workout signé John Stagliano. Elle quitte définitivement l'univers du X en 1999 après avoir été La Dresseuse sous la direction d'Alain Payet. A l'instar de Brigitte Bardot, elle se consacre maintenant à la défense des animaux et s'est même présentée aux élections législatives de 2007 en France où elle vit désormais.

Francis Leroi s'est amusé à interpréter lui-même le démiurge de toute cette histoire. C'est lui qui "oublie" la cassette sur le banc de l'abribus. C'est d'ailleurs sa propre femme, la charmante Véronique Leroi qui joue sa nouvelle victime à la fin du film.
Francis nous a quittés en 2002, emporté par un cancer à l'île Maurice.