ROMANCE

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Romance fait partie de ces films dépassés par leur réputation. A sa décharge, il faut bien avouer qu'avant même qu'une seule scène en aie été tournée, l'écho d'une collaboration entre Catherine Breillat, réalisatrice n'ayant pas les yeux dans sa poche et Rocco Siffredi, pornstar aux attributs débordant de ses sous-vêtements avait tout pour faire du bruit. 

Ce serait pour autant oublier le projet même de Romance, aussi éloigné que possible des scénarios comme de l'esthétique de films pornographiques tels qu'ils se faisaient à la fin des années 90. Breillat y observe bien moins l'anatomie de Siffredi qu'une jeune femme comblant une relation de couple frustrante par des expériences extraconjugales avec plusieurs hommes.

Paradoxalement, bien que le titre annonce clairement la couleur, Romance est bel et bien un film sur le poids des sentiments, ainsi que sur une certaine aliénation des femmes. Breillat allant jusqu'au bout de sa démonstration en garantissant que l'inversion du rapport de domination avec les femmes, passe aussi par le sexe, défini ici comme un rapport de force lié, littéralement, à la jouissance, qu'elle soit des corps ou du pouvoir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'EMPIRE DES SENS (Le film de Nagisa Oshima est une des influences de Breillat dans sa volonté de filmer des scènes réalistes de sexe.) ou encore SHORTBUS (Le ton est différent, mais le film de John Cameron Mitchell intègre lui aussi des scènes de sexe non simulées sans être à vocation pornographique).

A sa sortie, Romance fut accompagné d'une polémique, jusqu'à son affiche arborant un X, comme la lettre dédiée par la censure aux œuvres pornographiques. Pour Catherine Breillat, les choses sont pourtant très claires : même s'il contient des actes non simulés par les comédiens, son film n'entre absolument pas dans cette catégorie. Surtout quand pour la réalisatrice ce domaine consiste avant tout à déshumaniser les personnes qui y sont filmées, réduites à de simples objets sexuels. Ou que la pornographie est avant tout liée au regard moral que l'on pose dessus. Romance s'intéresse bien plus à cette définition et aux tabous qui y sont afférents. 

Autrement dit, avec Romance, Breillat s'est essayée à parler de sexe dans ce qu'il a de plus cérébral et sans doute encore plus de la censure naturelle qu'il entraîne souvent. Le choix de Rocco Siffredi parut évident à la réalisatrice qui a vu en lui, un spécimen particulier d'acteur de film pornographique, se mettant à nu psychologiquement dans sa sexualité. Breillat a tenté, au moins pour les scènes les plus physiques de Romance de mettre face à lui plusieurs pornstars féminines, avant d'y renoncer quand lors des répétitions, elle n'obtint qu'une gestuelle mécanique de performance physique loin de la sexualité réaliste et de sa part de métaphysique qu'elle voulait filmer, voire du regard déshabilleur de la virilité masculine qu'elle désirait présenter à l'écran.

Pour autant, la présence de Siffredi fut longtemps cachée par Breillat au reste de son casting, craignant que Sagamore Stevenin ou François Berléand renoncent au film, par crainte d'etre associés à une pornstar. L'expérience fut surtout douloureuse pour Caroline Ducey dont ce fut le premier long métrage en tête d'affiche. Pas tant à cause des scènes avec Siffredi que du parfum de scandale du film qui finit par l'éclabousser malgré elle. Ce, donnant finalement raison à Breillat, quand les broncas autour de Romance confirmaient que la liberté et l'émancipation des femmes, à fortiori sexuelle, restait bien un tabou social encore très ancré. 

Caroline Ducey n’est pas complètement satisfaite de sa situation amoureuse : son compagnon Segamore Stevenin ne veut plus la toucher. Elle comblera ce manque avec, entre autres, une rapide relation avec Rocco Siffredi, ainsi qu’une aventure mazochiste avec François Berléand. Ce ...

C'est avec les réactions suscitées par ce genre de film que l'on comprend ce qu'est le bon goût en art et ceux qui savent le percevoir. Partant du postulat que l'amour courtois et le sexe s'émousse dans un couple, Breillat propose un récit initiatique où ...