SEX DREAMERS

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Si je devais traduire littéralement le titre anglais de ce film je proposerais : Les rêveurs de sexe. Reconnaissons que c’est moins évocateur que la version originale. Il n’empêche que ce porno tourné quasiment intégralement en Hongrie a le mérite d’être formidablement atypique et brillant.

Ne cherchez pas à vous reposer sur un scénario structuré avec une histoire classiquement construite. Non, nous allons voir moult flashbacks et évocations qui ne sont que des prétextes à mettre en scène des séquences de sexe superbes et merveilleusement filmées par John B. Root qui maitrise sa caméra et son montage à la perfection. Les filles sont magnifiques et gourmandes, les hommes ne sont pas avares d’attentions. La plupart des scènes se déroulent en extérieur dans des paysages superbes. L’insolite le dispute à la surprise. Imaginez un instant une ravissante auto-stoppeuse entièrement nue qui raconte la scène lesbienne qu’elle vient de vivre avec trois amazones qu’elle a croisée dans la forêt, nues sur leurs chevaux. Une autre beauté se retrouve dans une garden-party très chic qui va tourner en énorme partouze. Nous aurons droit également à un mariage qui dégénère en orgie sexuelle échevelée.

Mais je ne veux pas tout vous révéler et vous gâcher les délicieuses et excitantes surprises qui constituent ce film particulièrement réussi. Vous ne saurez jamais si vous êtes dans le rêve ou la réalité mais une chose est sûre, vous allez apprécier.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DÉLIRES - MICHEL BARNY (1976) (Dans la vie, Catherine est une jeune femme un brin coincée. Dans ses rêves, son imagination la propulse dans des scènes sexuelles débridées dont elle est l'héroïne.) ou encore LA VIE SECRÈTE DE WALTER MITTY - NORMAN Z. MCLEOD (1947) (Walter, jeune homme dominé par sa mère, ne parvient à s'épanouir qu'en se rêvant en héros qui sauve de mille périls la femme dont il est secrètement amoureux .).

Fovéa illumine de sa rousseur photogénique ces rêves sexuels que nous propose John B. Root. Ce n’est pas la première fois que ces deux-là travaillaient ensemble. On peut même dire que c’est lui qui l’a découverte et fait débuter dans Sextet en 1997. L’année suivante, il lui consacre un film entier qui s’intitule tout simplement Fovéa (cette fille est folle). Puis, durant l’année 1998 le tandem va enchaîner avec Exhibition 99, Sex dreamers et Concupiscence. A la même époque, Fovéa va également tourner pour Marc Dorcel, Alain Payet, Fred Coppula, les solides réalisateurs français du moment. On la verra aussi dans des films non classés x comme A vendre de Laetitia Masson et Romance, de Catherine Breillat en 1999. Notre superbe rouquine semble avoir arrêté sa carrière au début des années 2000.

John B. Root, admirez le jeu de mot, n’a pas été tout de suite le pornographe inventif et talentueux que nous connaissons. Il a démarré en écrivant des livres pour enfants et adolescents, livres qui ont connu un franc succès à leurs sorties. Dans le même temps il était caméraman à la télévision pour des émissions culturelles du service public comme Thalassa.

C’est en 1994, il a alors 35 ans, qu’il décide de faire un cédérom pornographique interactif, une première en France. C’est le magazine anglais Penthouse qui le commercialise et le produit cartonne. Il en fera plusieurs autres, dont deux avec la sublime Zara White. Dans la foulée, grâce à l’argent rapporté, il fonde sa boîte de production. Peu de temps après Canal + lui commande une fiction en lien avec la technologie et le multimedia. John B. Root réalise alors Cyberix, premier long métrage pornographique interactif proposé en version film ou cédérom qui permet au spectateur de choisir entre plusieurs versions du scénario et de choisir différents points de vue : l’homme ou la femme.

Infatigable bosseur, John B. Root s’occupe dans le même temps de son site internet, de ses cédéroms interactifs et de la réalisation d’une trentaine de longs métrages en à peine une vingtaine d’années.   En 1999 il a sorti sa première autobiographie, Porno blues, où il parle avec sincérité de sa fascination et son addiction à la pornographie. C’est également un plaidoyer pour le porno de qualité. Je le cite : « Moi, quand je me branle, je n’aime pas être pris pour un con. Le porno fast-food ça me dérange. » Fin de citation.