SEX PARTY AUX BALÉARES

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Réalisé en 1981, SEX PARTY AUX BALEARES est un petit porno sans prétention, bien tourné, attentif aux personnages. Henri Sala, qui signe de son pseudonyme habituel de Ken Warren, a construit un marivaudage en huis clos, écrit comme un conte moraliste.

Marc, traducteur, est marié avec Eve depuis dix ans. Le couple est usé. Dans la villa de l’éditeur, à Palma de Majorque, l’homme va délaisser son épouse, alitée après un accident de vélo. Il est pris de passion pour Caroline, la garde-malade, quand surgit Dany, la sœur frivole d’Eve avec laquelle Marc avait déjà connu une aventure. Celle-ci est décidée à le séduire de nouveau, malgré – ou à cause de – la présence de sa sœur. Elle est accompagnée d’un jeune garçon qui lui aussi participe bientôt à la ronde des étreintes.

Les acteurs jouent avec naturel leur partition parfois cruelle mais le personnage principal du film est le décor exotique des Baléares. La villa surplombant la mer offre des étreintes ensoleillées. La mer berce les adultères en bord de rivage. Et une actrice sculpturale comme la blonde Laura Clair déploie sa longue chevelure sur la terrasse en ciel bleu azur.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VIENS JE SUIS CHAUDE (Un autre tournage porno aux baléares, réalisé en 1978 par Michel Lemoine.) ou encore JOURNAL INTIME D'UNE THAÏLANDAISE (Un autre porno tourné en Thaïlande, par Jean-Marie Pallardy (1980).).

Il est méritoire qu’en 1983, alors que le genre s’étiolait en salle avec des budgets en peau de chagrin, une équipe réduite et huit comédiens s’en aillent tourner un porno scénarisé et joliment écrit aux Baléares. A vrai dire, des nombreux pornos qu’il réalisa entre 1974 et 1983, Henri Sala en tourna très peu en région parisienne. Il planta plusieurs fois sa caméra en Aveyron, en Dordogne et en Bretagne. Cinéaste du dépaysement, il fut l’un des très rares pornographes globe-trotters, tournant aussi bien en Thaïlande, au Sri-Lanka, aux Seychelles, en Côte d’Ivoire qu’en Israël. SEX PARTY AUX BALEARES, sorti en salle sous le titre quelconque de PETITES FILLES PAS TRES SAGES, est le seul film qu’il situa à Palma de Majorque. 

« Allez dans votre bureau, gagnez du fric et crevez avec ! », lance Caroline à Marc. Les dialogues sont ainsi émaillés de saillies peu conventionnelles pour un porno. Elles sont de la plume du collaborateur attitré de Henri Sala, Jacques Chaumelle, également au scénario et à la musique. Compositeur et parolier prolifique de la variété pop des Sixties, il fait chanter Richard Antony, Eddy Mitchell, Michèle Torr à l’Eurovision 1966, Claude François, Hervé Villard, Mireille Mathieu, Dalida, Bob Azzam. De lui, Johnny Hallyday chante Les Chevaliers du ciel, et Régine J’ai la boule au plafond. 

Dans les années soixante-dix, il écrit une bonne quinzaine de films érotiques et pornos, témoignant d’un goût marqué pour le fantastique. Dialoguiste de MORGANE ET SES NYMPHES de Bruno Gantillon, il imagine aussi le phalanstère féminin des ARDENTES, premier film de Henri Sala situé après la Cinquième guerre mondiale, et la moyenâgeuse PIPE AU BOIS, contant les tourments sexuels que deux sœurs sorcières infligent aux voyageurs égarés. Pour Henri Sala toujours, il invente un couple de femmes détectives, Martine et Dany, de l’agence Sex Office, héroïnes décontractées de quatre aventures pornos dont FAIS-MOI TOUT !, célèbre pour son titre, comment dire…, remarquable.