SEXE CLINIQUE POUR MEMBRES VIGOUREUX

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Sexe clinique pour membres vigoureux : voici un titre ronflant bien caractéristique de la surenchère syntaxique du porno français tourné en 35 mm dans les années 1990. C’était la chute des fréquentations, les dernières salles sombraient. Seuls les titres très prometteurs garantissaient des entrées. Celui-ci resta 35 semaines en exclusivité parisienne au Cinévog Saint-Lazare. Il y a deux autres raisons à ce succès.

Le sujet d’abord, increvable argument à séquences hard : la clinique sexuelle. M. Swan, depuis qu’il a découvert les partouzes, ne parvient plus à bander avec une seule femme. Il vient consulter. La suite ? Auscultation complaisante de la doctoresse, essayage de l’infirmière-réceptionniste, séjour en clinique privée, température rectale, réapprentissage des joies du sexe.

Seconde raison du succès : le savoir-faire d’un artisan chevronné du genre, en l’occurrence Pierre B. Reinhard, à l’œuvre depuis 1977. On reconnaît sa patte dans les regards caméra appuyés que se permettent quelques actrices. C’est son péché mignon. Et quand il signe, comme ici, Myke Strong, c’est qu’il offre toujours au spectateur des scènes très hard, parfois inhabituelles. L’une d’elles a certainement contribué à un bouche-à-oreille salvateur justifiant ces 35 semaines de programmation : un copieux lavement au lait, rendu par une patiente.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES GOULUES (Réalisé en 1975 par Claude Pierson: autre comédie porno prenant pour cadre une clinique sexuelle.) ou encore L'INFIRMIÈRE N'A PAS DE CULOTTE (Réalisé en 1980 par Francis Leroi: autre clinique de thérapie sexuelle.).

Que reste-t-il de ce porno oublié au budget minimaliste, typique de la fin du 35 mm ? La séquence du lavement au lait. Pierre B. Reinhard s’en était fait une spécialité. En 1983 déjà, son Bien au fond du petit trou imaginait un maniaque pratiquant des lavements au lait sur des nurses. Il perfectionna le fantasme quelques années plus tard grâce à cette impressionnante seringue en verre gradué, trouvée chez un brocanteur de Milan et qu’il utilisa notamment dans Le Nain assoiffé de perversité. La séquence de Sexe clinique sera la dernière de la seringue, que le cinéaste cassera hélas peu après.

Si vous vous intéressez aussi bien aux corps qu’aux décors, vous aurez reconnu l’intérieur avec piscine d’une propriété campagnarde de Coulommiers qui servit pendant plus de quinze ans aux tournages des productions de Jean-Claude Roy. Lequel s’offre le luxe de postsynchroniser lui-même Monsieur Swan.

Et si vous êtes très fort, vous aurez aussi reconnu la provenance des nombreux segments remontés qui viennent étoffer les quarante minutes du métrage inédit. Reinhard, monteur de formation, a puisé dans le catalogue de la production, nous offrant des plans d’Emmanuelle Parèze dans Langue de velours, Marie-Christine Croguennec dans Corps à corps ou encore Sandrine Pernelle dans Nuits suédoises.