SEXE DE FEU COEUR DE GLACE

en VOD

Ce film réalisé en 1997 par Brad Armstrong s’inspire à la fois de Blade Runner et de Barb Wire qui venait juste de sortir. On retrouve l’ambiance cyberpunk du film de Ridley Scott, et l’héroïne tient autant d’un superhéros que de la justicière blonde incarnée par Pamela Anderson dans le second titre. Le chaos social, la criminalité et la corruption policière sévissent dans Los Angeles. Une ancienne Miss Météo frappée par un éclair de foudre se métamorphose en bikeuse justicière, luttant contre la pourriture.

Elle se nomme Generator et va s’opposer à Ice, une méchante digne d’un James Bond, qui a dérobé un diamant lui donnant le pouvoir de frigorifier la ville. C’est le choc entre deux stars du milieu des années 1990, justifiant cette coproduction américano-française. Jenna Jameson, de Wicked Pictures, incarne la justicière aux tenues de cuir et de métal, et Laure Sainclair, des Vidéos Marc Dorcel, joue l’antagoniste dans des tenues transparentes rappelant Barbarella, contre-emploi radical par rapport aux bourgeoises BCBG qu’elle incarnait pour Michel Barny et Alain Payet, en tailleur et lingerie fine.

Les scènes pornos sont nombreuses, intenses et crues. Elles multiplient les plongées au plus près des organes, vont crescendo et insistent sur les fluides. Cette vision futuriste d’une ville corrompue passe par des dialogues orduriers et une sexualité parfois brutale qui n’exclut pas des rapports de force. Les flics profitent de leur statut pour abuser des prévenues, mais la voix off nous rassure : dans ces ténèbres brille une lumière d’espoir et de justice : Generator. En version originale : Jennarator.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BARB WIRE (Parce que Sexe de feu, coeur de glace est un démarquage de Barb Wire.) ou encore NEW YORK 1997 (De John Carpenter, 1981. Dans un avenir proche, comme le Los Angeles de Sexe de feu, coeur de glace, New York est en proie à l'insécurité, au crime et à la corruption.).

Par son ambiance nocturne et l’utilisation d’espaces industriels, Sexe de feu, cœur de glace parvient à un climat noir et futuriste crédible. C’est l’une des réussites de Wicked Pictures, une société créée en 1993 et qui s’était imposée en faisant de Jenna Jameson la nouvelle star du porno, dans des films aux budgets conséquents comme Conquest, film de pirates également réalisé par Brad Armstrong.

L’élément majeur de ce film est en effet Jenna Jameson, qui éclipse Laure Sainclair, dont le personnage est sacrifié. Après avoir été danseuse à Las Vegas et strip-teaseuse, elle commence sa carrière d’actrice porno en 1994, signe un contrat d’exclusivité avec Wicked Pictures et devient une star. Il y a ce moment très étonnant, peut-être improvisé et qui apparaît comme une transgression ou au minimum une ironie. Lorsque son partenaire, le réalisateur Brad Armstrong, éjacule sur son visage, comme c’est l’usage quasi-permanent dans les fins de séquences de ce film, Jenna le fusille du regard et s’écrie, furieuse : « Pourquoi il a fallu que tu jouisses sur mon visage ? ». Puis elle l’insulte et sort du champ.

Elle obtient pour ce film le Hot d’Or de la meilleure actrice américaine. Elle tourne des pornos jusque dans la décennie suivante, jouant notamment dans le remake de Devil in Miss Jones et en en réalisant elle-même quatre. En 2004, ses mémoires, Comment faire l’amour comme une porn-star, coécrits avec un journaliste du New York Times, sont un best-seller qui lui assure une célébrité hors du genre. Scarlett Johansson fut pressentie pour l’incarner dans une adaptation au cinéma. Jenna Jameson se révèle aussi une femme d’affaires entreprenante, investissant le Net et créant l’un des premiers sites consacrés à la pornographie.