Med Hondo est né en Mauritanie en 1936 et c’est à l’âge de 23 ans qu’il arrive en France. Il devient acteur de théâtre et au cinéma, où il joue pour Godard et Costa-Gavras avant de devenir cinéaste. Soleil Ô est son premier long-métrage. « Je l’ai fait sur des années, explique-t-il lors d’une conférence à Bologne, je tournais le week-end. Quand j’avais un peu d’argent, j’achetais de la pellicule, je louais la caméra et je trouvais des bénévoles qui croyaient en mon histoire. Tous les [acteurs] ont travaillé gratuitement, bénévolement. » Il insiste sur le fait que ce projet lui collait à la peau, puisqu’il vivait lui-même « une situation d’exil, d’immigré, on appelle ça comme on veut » où il ne parvenait pas à nouer contact, à « être avec les autres ». Il réalisera sept longs de fiction en tout : après le très thérapeutique Soleil Ô, il dirigera Les Bicots-nègres, vos voisins, en 1973, West Indies en 1977, Sarraounia en 1986, Lumière noire en 1994, Watani en 1998 et Fatima l’Algérienne de Dakar en 2004. Ce sera son dernier film. Par ailleurs, Med Hondo est l’illustre voix française d’Eddie Murphy.
Parce qu’il n’a pas monté de société de production avant de lancer Soleil Ô – entreprise trop onéreuse nécessitant un capital de plusieurs centaines de milliers de francs à l’époque –, Med Hondo n’a pas pu se revendiquer producteur du film. Alors que son exploitation française a duré quatre ans, il n’a jamais gagné d’argent sur cette période avec Soleil Ô. Toutefois, à peine a-t-il fini sa post-production, Med a été sollicité par la Semaine de la Critique, sélection parallèle au Festival de Cannes, où il a pu être projeté en 1970. Ensuite, dans la foulée, c’est le Festival de Locarno qui l’a invité et le long-métrage en est reparti avec le Léopard d’Or. Med Hondo se battra plus tard pour récupérer la propriété de tous les films dont il n’était pas producteur et qu’il avait pourtant financés.
Au casting de Soleil Ô, on retrouve notamment Théo Légitimus, l’un des grands acteurs noirs français, et papa de Pascal Légitimus. Jusqu’à sa mort en 2017, il a tourné trois fois pour Med Hondo – Soleil Ô, West Indies et Lumière noire. Le rôle principal, lui, a été confié à Robert Liensol, qui a lui aussi joué dans West Indies et une dernière fois pour lui dans Watani. En 1954, il avait fondé la « Compagnie des Griots », une troupe française d’acteurs noirs où l’on compte notamment Théo Légitimus et sa maman, Darling Légitimus, déjà elle-même comédienne à la filmographie admirable. La Compagnie des Griots joue des pièces de Jean Genet ou d’Aimé Césaire. Elle fusionne en 1972 avec la troupe de Med Hondo pour former les « Griots Shango ».