SWEET SEXY SLIPS

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Produit par la firme allemande Ribu mais tourné en France en 1982, Sweet Sexy Slips bénéficie de moyens importants et marque le chant du cygne du cinéma porno en 35 mm. Sa distribution bénéficie des meilleures actrices françaises et allemandes du moment : France Lomay, Uschi Karnat, Ursula Gaussmann, Helen Shirley, Dom Pat et plusieurs autres qui n’ont même pas, comble du luxe, de scènes hard. Toutes entièrement dévouées au plaisir absolu des deux acteurs les plus ardents du cinéma porno français de l’époque : Richard Allan et Alban Ceray.

Car ce qui fait tout le prix de ce monument de l’entente franco-allemande est bien sa phallocratie infantile et sans complexe. Dès son arrivée à Orly, le macho Riccardo drague et n’aura dès lors plus d’autre loisir que de sauter sur toutes les femmes. Créateur allemand de lingeries fines venu exporter ses produits en France, il se montre moins empressé dans ses affaires que dans la culbute des soubrettes, forcément disponibles, et des top-models, forcément riantes. Sûr de sa virilité conquérante, le mufle les veut toutes, y compris la secrétaire rebelle, et pourtant lesbienne, qui est chargée de son séjour.

A ce niveau de goujaterie satisfaite, Sweet Sexy Slips est un chef-d’œuvre, frôlant peut-être l’auto-parodie. Les dialogues sont vulgairement ciselées : « Tu peux emmener ton cul dehors, je m’occuperai moi-même de mes affaires », dit Riccardo à la soubrette, absolument pas choquée. Les femmes sont des culs et des nichons, le visage est secondaire, comme semble l’accréditer une rêverie au cours de laquelle Riccardo passe indifféremment d’une croupe à l’autre, encastrées dans une cloison, en malaxant des seins anonymes. Sa queue sitôt dressée, une bouche affamée surgit ! Richard Allan est parfait dans ce registre déplaisant mais un kidnapping piteux va écorner cette image de surmâle.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FEMME OBJET (De Claude Mulot, 1981. La frénésie sexuelle de Richard Allan y est déjà mise en scène mais beaucoup plus malmenée.) ou encore HOTESSES TRES INTIMES II (Même équipe à la réalisation pour immortaliser les exploits érotiques du même duo d'acteurs, Richard Allan et Alban Ceray, avec toujours la même gaillarde et délirante phallocratie.).

Comment visionner aujourd’hui une tel spécimen de phallocratie ? L’autoparodie éventuelle est loin d’être probante. Sans distance, sans dixième degré, on ne peut être qu’accablé par la désopilante obéissance du casting féminin à succomber au charme irrésistible du beauf Riccardo. A défaut d’une critique acerbe verra-t-on un cynisme outrageant dans la psychologie féminine pauvre et ahurissante de bêtise que propose ce film coécrit et coréalisé par son interprète principal, Richard Allan.

En 2010, il publie ses mémoires au titre sans ambiguïtés : 8000 Femmes, Mémoires d’un Casanova du cinéma. Ce ténor du porno français fut pourtant capable de plus de subtilités. En 1978, il incarna un acteur porno surnommé « Queue de béton » avec une autodérision décontractée. Des cinéastes comme Claude Bernard-Aubert et Claude Mulot surent le mener dans des registres plus sombres, à la lisière du malaise existentiel et de la crise sexuelle, comme en témoignait La Maison des fantasmes et La Femme-objet. En 1982, il est sur le point de tirer la révérence. Riccardo Bertini est l’un de ses derniers rôles, typique du registre gouailleur qu’il avait imposé dans de nombreuses comédies. Déjà nostalgique d’une époque révolue, il a sans doute voulu partir en fanfare, aux antipodes du pessimisme castrateur de La Femme-objet.

Assez curieusement, ses mémoires ne relatent de ce film à la gloire de sa virilité que la seule séquence qui la mette quelque peu en péril. Il s’agit de sa séquestration dans une cave, reconstituée au Caveau de La Huchette. Sa partenaire est Helen Shirley, sa compagne de l’époque avec laquelle les relations sont tumultueuses. Armée d’un couteau, elle met en lambeau sa chemise, menace son entrejambe, le violente et le viole avec hystérie. Richard, attaché à un sommier, craint qu’elle n’aille plus loin que le scénario et relate, encore sous le choc que les coups de ceinturon ne soient pas truqués. Certainement le moment le plus réjouissant du film.