TABLEAU D'HONNEUR

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Tableau d’honneur est une chronique légère réalisée en 1992 par Charles Nemes, se déroulant dans une école secondaire privée des beaux quartiers de Saint-Germain-en-Laye. Elle aborde les conflits de génération des classes aisées, écorne les enjeux commerciaux des cours privés et la qualité de l’enseignement mais s’appesantit principalement sur les flirts, les premiers émois adolescents et la découverte de la sexualité.   

Le personnage principal, Jules Martin, beau gosse plutôt maladroit avec les filles, a des difficultés relationnelles avec son père avocat. Il est amoureux de Cécile mais n’ose le lui avouer. Il se lie d’amitié avec Christian, un cancre opportuniste qui cherche à soutirer de l’argent de l’école en justifiant ses griefs par son inculture crasse. Au milieu des parents dépassés, un pion qui exerce tant bien que mal le métier de comédien prend en sympathie Christian. Ajoutons un directeur soucieux de la respectabilité de son établissement et une secrétaire que le stress rend grossière. 

La charge est donc aimable et les comédiens au diapason. Philippe Khorsand est le père maladroit et Claude Jade, son épouse frustrée et travaillée par les fantasmes. Evelyne Buyle fait un magnifique numéro de secrétaire jurant comme un charretier. Face à eux, des débutants, dont certains n’ont encore que quelques titres à leur actif : Guillaume De Tonquédec, Eric Elmosnino, Cécile Pallas et Léa Drucker. C’est le tout premier rôle au cinéma de Guillaume Gallienne.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PION ((Christian Gion, 1978). Henri Guybet, avant Berléand, dans le rôle d'un pion de lycée sympathique.) ou encore LES SOUS-DOUÉS (Grand succès populaire qui relança les comédies potaches sur les flirts des élèves adolescents.).

Quand il tourne Tableau d’honneur, Charles Nemes a déjà à son actif plusieurs courts métrages réalisés avec la bande du Splendid et deux longs : Les héros n’ont pas froid aux oreilles, coécrit avec Gérard Jugnot, et La Fiancée qui venait du froid avec Thierry Lhermitte. Malgré son savoir-faire, il tourne ensuite pour la télévision. Sa collaboration sur Canal + à la série H lui permet de diriger Eric Judor et Ramzy Bédia, qu’il réunit en 2001 pour son retour au grand écran avec un immense succès public : La Tour Montparnasse infernale. 

Tableau d’honneur ne cherche pas à renouer avec la veine anarchiste du Zéro de conduite tourné par Jean Vigo en 1933 et qui peut être considéré comme l’œuvre fondatrice de ce genre de comédies. Il n’est pas non plus à assimiler aux grosses comédies potaches des années 1980, comme Les Sous-doués, Le bahut va craquer ou encore Le Pion. Plus attentif à ses personnages, le film évoque davantage le regard attendri des Zozos de Pascal Thomas. 

Se distingue de la distribution François Berléand, en acteur galérien faisant le pion et éveillant Jules Martin au théâtre et à la littérature. Il avait débuté lui-même au théâtre vers 1973 et multipliait les petits rôles au cinéma depuis Martin et Léa d’Alain Cavalier, en 1978. Il attendra encore plusieurs années avant de trouver des emplois plus importants. Kathie Kriegel aussi, en prototype de la MILF compréhensive, amuse et surprend. Elle était venue du théâtre de boulevard, le cinéma l’a malheureusement trop négligée.