TAMANGO

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Nous sommes en Afrique, à la fin du dix-huitième siècle. Un capitaine de vaisseau Hollandais, le capitaine Reiker, a capturé une cinquantaine d’africains avec la complicité d’un chef de tribu qui les échange contre de l’alcool et des armes. Les captifs sont embarqués sur le vaisseau de Reiker, l’Esperanza. Destination Cuba où ils seront vendus comme esclaves.

Parmi les passagers du navire on remarque la ravissante Aïché, une esclave noire également mais qui est la maîtresse du capitaine Reiker. Un des prisonniers, Tamango, organise une révolte avec ses frères de couleur et tente de persuader Aïché de se joindre à eux…

Voilà le point de départ de cette histoire efficace qui parle avec justesse de ce que pouvait être la vie et la mort des esclaves africains à l’époque. Inspiré par une nouvelle de Prosper Mérimée, John Berry, réalisateur hollywoodien chassé par le maccarthysme, nous propose là son cinquième film tourné en France.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MANDINGO - RICHARD FLEISHER (1975) (En Louisiane, vingt ans avant la guerre de sécession, la vente et le trafic d'esclaves noirs est à son apogée.) ou encore LES RÉVOLTÉS DU BOUNTY - LEWIS MILESTONE (1962) (En 1789, William Bligh, capitaine du vaisseau le Bounty fait preuve de cruauté envers ses matelots et ses officiers. Le second, Fletcher Christian, va mener une mutinerie.).

Prosper Mérimée avait écrit Tamango en 1829. Cette nouvelle constituait à l’époque un véritable réquisitoire contre l’esclavage dont l’abolition n’arrivera qu’en 1848 en France.

Vous aurez forcément remarqué la charmante Aïché durant ce sombre épisode. Il s’agit de Dorothy Dandridge, chanteuse et comédienne qui fut en son temps la première star féminine noire du cinéma hollywoodien. En 1954 elle incarnait une Carmen black dans Carmen Jones d’après l‘opéra de Georges Bizet. Le film était signé Otto Preminger et Harry Belafonte lui donnait la réplique. Elle a retrouvé Otto Preminger en 1959 pour le Porgy and Bess de George Gershwin où, cette fois-ci, elle avait Sydney Poitier pour partenaire. Elle a d’ailleurs été nominée aux Oscars pour ce rôle.

John Berry a, lui, un parcours particulièrement étonnant. Né à New York en 1917 il débute comme acteur dans la troupe du Mercury Theater à la radio aux côtés d’Orson Welles puis il devient l’assistant de Billy Wilder au cinéma et passe à la mise en scène et réalise son premier film en 1945. Il nous donnera à voir entre autres Casbah un remake américain de Pépé le Moko de Julien Duvivier. En 1950 le maccarthysme commence à faire rage aux Etats Unis et Hollywood n’échappe pas à la paranoïa anticommuniste. John Berry est dénoncé comme étant communiste par Edward Dmytryck et il se retrouve sur la liste noire du métier. Il émigre à Paris pour poursuivre sa carrière chez nous. En 1955 il réalise Ca va barder avec Eddie Constantine en vedette. Constantine avec qui il va faire trois films dont le dernier, A tout casser en 1968, réunira la star américaine, Michel Serrault et Johnny Hallyday.

Adapté de la nouvelle éponyme (1829) de Prosper Mérimée. On peut dire que le film reste une déception, retirant toute l'audace de la nouvelle. Mais si le film se fait plus linéaire, avec une trame plus limpide il se rattrape avec une fin qui évite le happy end hollywoodien. ...