TEMPÊTE SUR L'ASIE en VOD
- De
- 1929
- 126 mn
- Aventure / Action
- Russie
- Tous publics
1 MIN AVANT
Avec Eisenstein et Dovjenko, Vsevolod Poudovkine est l’un des trois cinéastes soviétiques majeurs des années 20. Il figure parmi les piliers du cinéma de son époque, autant d’ailleurs en termes artistiques que politiques : son film peut être le plus fameux, La chute de Saint Petersbourg, constitue un des plus notoires relais du régime soviétique en termes de propagande.
Réalisé en 1930, Tempête sur l’Asie fait partie de cette famille que l’on peut qualifier d’« officielle », du moins ici en apparence. Le film est en effet une commande des instances dirigeantes, et le projet entend clairement servir l’image et la doctrine du régime. Tempête sur l’Asie s’appuie sur un épisode authentique mais méconnu de l’histoire soviétique : Pendant la guerre civile qui succède à la Révolution de 1917, les Anglais tentent d’établir en Mongolie un régime fantoche, et de mettre au pouvoir un anonyme qu’ils feraient ensuite fait passer pour un descendant de Gengis Khan. Mais l’expérience tourne court car une fois arrivé, l’individu promu se rebelle et refuse de tenir le rôle qui lui était réservé. D’un point de vue historique et propagandiste, le film de Poudovkine suit cette intrigue et remplit donc fidèlement la commande
Envisagé dans sa dynamique, Tempête sur l’Asie frappe aujourd’hui par la manière dont Poudovkine parvient à recréer la vie quotidienne en Mongolie, d’une manière que l’on n’avait jamais vue auparavant et que on ne la reverra d’ailleurs jamais. L’aspect ethnologique en demeure stupéfiant dans son authenticité même. Au-delà de la commande, on s’aperçoit très vite que la matrice du film n’est pas communiste, mais qu’elle renvoie davantage à Rudyard Kipling. Tempête sur l’Asie se veut plus proche de l’épopée, de la fable, voire du conte. Ce qui intéresse Poudovkine, c’est la manière dont un individu anodin, porté au pouvoir à son corps défendant, parvient à s’affirmer de façon différente. Si une telle idée d’un roi de fortune imposé par les circonstances est typique de la littérature de Kipling, elle ne correspond pour le coup pas du tout aux préoccupations soviétiques. Lorsque le film sort, il est vivement critiqué sur ces bases, les commanditaires ne comprenant pas que Poudovkine ait pu se concentrer sur le récit au détriment de la propagande. Manifestement l’aspect historique a beaucoup moins intéressé Poudovkine que le caractère épique de son intrigue, à tel point que l’on peut penser que le réalisateur s’est juste servi du scénario pour filmer ce qui l’intéressait, à savoir une épopée. Et le fait est que lorsque son récit s’installe en Mongolie, Tempête sur l’Asie devient un inoubliable moment de cinéma, transportant le spectateur sinon ailleurs, en tout cas vers des horizons qui n’ont plus grand chose à voir avec la commande initiale.
De façon surprenante, Tempête sur l’Asie a été distribué en Grande Bretagne, particulièrement étrillée dans le film. Mais comme il était délicat de montrer aux Anglais leur présence en Mongolie sous un jour particulièrement critique pour ne pas dire davantage, les intertitres du film ont été travestis afin de transformer les soldats britanniques en Russes blancs. Un tour de passe -passe qui n’avait pas manqué, déjà à l’époque, d’être fustigé comme une aberration historique.
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