Tendres souvenirs d'une bouche gourmande se situe dans la carrière de son réalisateur, Michel Caputo, entre des Infirmières très complaisantes et Sybil, tous les trous sont permis et fut l'un de ses sept pornos sortis au cours de l'année 1980, avec Dans la bouche de Sophie, Jeux particuliers qui était une variation de Fenêtre sur cour, Véronica adolescente aux goûts pervers, ça glisse par… les deux trous et L'ouvreuse n'a pas de culotte, excellent titre et gros succès. Résolument pornographiques, ces Tendres souvenirs ne furent pourtant pas classées X mais seulement interdits aux moins de 18 ans. Pourquoi ? Parce que son producteur, Jean-François Davy, avait présenté à la Commission du CNC chargée de délivrer des visas d'exploitation, une copie très inoffensive dans laquelle le hard était remplacé par du soft. Il échappait ainsi aux taxes qui étranglaient le genre et qui contribuaient à le ghéttoïser. Le CNC n'était pas dupe, le gouvernement Giscard non plus, mais ils préféraient fermer les yeux. Cette complaisance permettait encore à des producteurs comme Davy de soigner un budget modeste, de tourner en 35 mm plutôt qu'en 16, de nourrir une petite équipe en extérieurs à Honfleur et de proposer un vrai scénario avec des scènes de comédie nécessitant plus de jours de tournage que le porno de base habituel. Enfin, il pouvait investir dans plus de copies. Ainsi, Tendres souvenirs sortit le 19 novembre 1980 à Paris dans 8 salles d'exclusivité dont le mythique Midi-Minuit, cher aux amateurs de fantastique. C'était une époque de survie à l'économie fragile bientôt détruite par l'arrivée d'une gauche procédurière et décidée à éradiquer la pornographie du bilan annuel du cinéma français. Réduit au minimum, le générique ne comporte que 5 acteurs sous pseudonymes. Les spécialistes n'ont toujours pas pu identifier « Gérard Grolou » et « Roland Petilou », mais ils ont reconnu Milou le marinier : à savoir Michel Caputo lui-même, lequel a souvent aimé passer devant sa caméra, mais uniquement dans des rôles habillés.