TÉNÈBRES

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Après un détour par le cinéma fantastique via Suspiria et Inferno, le réalisateur italien Dario Argento revient avec Ténèbres, en 1982, à ses premières amours : le giallo. En effet, comme L’Oiseau au plumage de cristal son premier film et bien d’autres succès qui ont suivi, Ténébres relève de cette catégorie particulière de films policiers italiens construits sur le mode du "whodunit". Le spectateur à l’instar de l’enquêteur de l’histoire doit trouver parmi une poignée de suspects l’identité de l’assassin, sachant que ce dernier officie à l’arme blanche, ganté de cuir noir. Ce qui permet une fois encore à Dario Argento de filmer sa propre main sous le gant dans les séquences de meurtre.

Dario Argento, qui n’a jamais beaucoup aimé ladirection d’acteurs s’est très mal entendu avec son interprète Anthony Franciosa qui avait incarné le rôle titre de la série télévisée Matt Helm. A l’inverse, il a eu plaisir à retravailler pour la quatrième fois avec Daria Nicolodi, grande actrice de théâtre et de cinéma avec qui il a longtemps vécu et élevé leur fille Asia Argento. Les plus attentifs reconnaîtront dans de petits rôles deux futurs réalisateurs de films d’horreur italien Lamberto Bava et Michele Soavi qui étaient respectivement premier et deuxième assistant metteur en scène sur ce tournage. Bava apparaît en réparateur d’ascenseur, tandis que Soavi joue le petit ami de Maria. Outre la ribambelle de jolies jeunes filles que le cinéaste se plaît à massacrer à l’écran de manière très esthétique après les avoir dénudées, la distribution comprend aussi Giuliano Gemma surtout connu pour ses westerns italiens et John Saxon, ancien mannequin, partenaire de Bruce Lee dans Opération Dragon et acteur d’un grand nombre de film d’horreur dont Les Griffes de la nuit de Wes Craven.

 
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Pour la lumière de Ténèbres, Dario Argento a retrouvé le talentueux Luciano Tovoli, chef-opérateur de Michelangelo Antonioni sur Profession : reporter et de Marco Ferreri pour La Dernière Femme, avec qui il avait déjà travaillé sur Suspiria. L’idée des deux hommes était d’aller à l’encontre de la symphonie de couleurs de Suspiria et de composer une photographie à dominante de noir et de blanc qui visait à créer même en plein jour une impression de clarté lunaire. Tout en étant aux antipodes du gothique de Suspiria, le traitement visuel de Ténèbres n’est donc pas davantage réaliste. Ce qui se retrouve dans le choix des extérieurs dans un quartier particulier de Rome, le Casal Palocco qui a son style propre avec ses immeubles modernes et de grand standing. De même Tovoli a renoncé à la largeur de l’écran Scope pour mieux emprisonner les personnages à l’intérieur du cadre et supprimer toutes les zones d’ombre où ils pourraient se cacher.

La séquence très spectaculaire du meurtre des deux lesbiennes qui commence par un incroyable mouvement d’appareil le long de la façade et sur le toit de leur immeuble a été rendu possible par l’utilisation d’une nouvelle grue : la louma, alors peu connue en Italie mais que Tovoli venait d’expérimenter sur le tournage du film de Christian de Chalonge Les Quarantièmes rugissants. L’intérêt de cette grue est de fixer la caméra au bout d’un bras qui est télécommandé, offrant ainsi des mouvements et des angles de prises de vue impossibles avec un équipement plus classique.

Pour la musique, Argento a réuni une partie du groupe des Goblin qui lui avait écrit quelques unes de ses partitions les plus mémorables avant de se dissoudre en 1978 après avoir composé la musique du montage européen du Zombie de Romero produit par Argento. Les ex-musiciens de Goblin Claudio Simonetti, Fabio Pignatello et Massimo Morante se sont donc associés pour livrer un son très marqué années 80 avec ses sonorités électroniques qui collent bien à l’esthétique du film. Le thème principal de cette bande originale a d’ailleurs été beaucoup dansé en discothèque.

Variation sur des thématiques bien connues des amateurs d’Argento, Ténèbres imagine une enquête mettant des personnages aux prises avec un tueur s’inspirant d’un best-seller, et dont l’auteur va devenir l’une des victimes de choix. Le principe de morceaux de bravoure ...

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