« J'ai les bleus, j'ai les bleus », c'est la traduction pour le moins audacieuse qu'avait proposée l'académicienne Marguerite Yourcenar pour exprimer « I've got the blues », ce mugissement monté depuis le delta du Mississippi ... C'est dire à quel point cette musique, le blues donc, n'appartient pas vraiment à notre culture. En revanche, les Anglais ont réussi, eux, à se l'approprier, et même mieux, à la transformer pour la rendre populaire dans le monde entier. Alors, comment de jeunes musiciens blancs nés à Manchester, Newcastle, Londres ou Liverpool qui s'appelaient Georgie Fame, Steve Winwood, Eddie Cochran ou Mick Jagger, se sont appropriés, à partir du début des années 60, cette musique noire, alors agonisant dans les rues de Memphis et Chicago ? Comment l'ont-ils ressuscitée avec autant de respect que d'audace ? Et comment y ont-ils gagné à la fois le succès et la reconnaissance des pères fondateurs et de leurs fils naturels, les Muddy Waters, BB King, T-Bone Burnett et autres Howlin' Wolf ? C'est cette histoire, et cette fusion, étonnantes, que nous raconte le réalisateur anglais Mike Figgis, dans ce
Red, White & Blues produit par Martin Scorsese. Pour l'occasion, Figgis, musicien à l'origine, a organisé son documentaire autour d'une séance d'enregistrement dans les studios d'Abbey Road, autoproclamés, sans doute à juste titre, « studios les plus célèbres du monde ». Vous voilà ainsi conviés à un bœuf pas cochon où sont réunis les tonitruants Tom Jones et Van Morrison, la chanteuse Lulu et le guitariste virtuose Jeff Beck, qui fit les belles nuits des Yardbirds, en remplaçant un autre guitariste à qui le blues doit beaucoup, et lui aussi très présent dans le film, Eric Clapton.
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