THE CHASER

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Attention âmes sensibles s'abstenir ! Ce premier film d'un jeune cinéaste coréen surdoué de 35 ans est un thriller d'une brutalité qui glace véritablement le sang. Les scènes d'horreur sont hyperréalistes et on n'est pas près d'oublier celle de la salle de bain où le tueur en série sort son marteau... car le monsieur est du genre bricoleur ou plutôt sculpteur...

L'atmosphère pluvieuse et poisseuse évoque un peu Seven de David Fincher, quant aux courses poursuites nocturnes dans les ruelles trempées de Séoul, cela fait longtemps qu'on n'en avait pas vu d'autant haletantes et réussies. Il faut dire que le casting est très physique : le réalisateur souhaitait que les deux personnages masculins - le serial killer tellement calme et le proxénète qui se meut en justicier - dégagent un sentiment de bestialité. Souhait exaucé !

Tourné à Séoul pendant 85 jours, et inspiré de crimes réels commis par un serial killer, The Chaser est un véritable hommage au film noir, très noir, avec un scénario malin comme tout, mais aussi un constat cinglant de la dégradation de la société coréenne avec ce burlesque sombre si particulier au cinéma coréen. Dans des scènes à la limite de la clownerie, le réalisateur tourne en ridicule l'incompétence de la police, le pouvoir et la justice de son pays. Le film a été un énorme succès en Corée. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MEMORIES OF MURDER ou encore SEVEN DE DAVID FINCHER .

Le cinéma coréen, quelle histoire ! Dans ce pays à... l'histoire aussi déchirée, le cinéma est une arme, subtile ou plus brutale, question de génération. Im Kwon-teak reste le grand maître du cinéma coréen. Il débuta dans les années 1960 et a aujourd'hui plus de cent films à son actif. S'il ne fallait choisir que trois films de ce maître qui rend hommage aux traditions de son pays avec une modernité et une esthétique inédites, on choisirait La Chanteuse de pansori, sorti en 1993. Ce conte sur la création artistique est à ce jour le film coréen le plus primé dans son pays et a fait de son auteur un véritable héros national. Deux ans après, Le Chant de la fidèle Chunhyang remporte, lui, le Prix de la mise en scène à Cannes. Mais il faut aussi voir absolument Ivre de femmes et de peinture, d'une beauté plastique qui laisse bouche bée.

Dans les années 90, apparaît une nouvelle génération de cinéastes, reconnus illico dans le monde grâce aux festivals. Kim Ki-duk qui réalise son premier film, Crocodile, en 1996, et Hong Sang-soo, auteur du Jour où le cochon est tombé dans le puits. Très inspiré par la Nouvelle Vague européenne, le second est immédiatement adoubé par la presse française, qui fait un triomphe à ses autres films, dont Turning Gate en 2002. Surtout, certains jeunes cinéastes coréens choisissent le cinéma de genre et en particulier le polar pour s'exprimer, et critiquer, au passage, les travers politiques de leur pays, séparé en deux par la guerre. Pour ce faire, ils font preuve d'un humour souvent très noir, qui fait du thriller coréen un thriller reconnaissable entre tous dans le cinéma asiatique. On pense bien sûr à Memories of murder de Bong Joon-ho qui évolue constamment entre drame et farce. Et à tout le cinéma de Park Chan-Wook, cinéaste obsédé par la vengeance, dont le Old Boy est un véritable choc. Avec un héros qui se bat comme personne avec un petit marteau, car, avec les coréens, même les armes sont plus insolites qu'ailleurs. 

Présenté notamment au festival de Cannes en 2008 (où il connut une standing ovation d'une dizaine de minutes) et à Deauville en 2009, The Chaser fit l'effet d'une véritable petite bombe pour ceux et celles l'ayant découvert à l'époque, d'autant plus qu'il s'agit là du ...

Bon ok, c'est vachement bien. Et pourtant, je vous jure, vous me saoulez avec vos films glauques qui ne peuvent pas s'empêcher d'aller aux plus bas instincts pour réveiller quelques sentiments forts, tout aussi désagréable que Old boy de ce côté là mais The chaser est autrement ...

Décidément le cinéma coréen n'arrête pas de me surprendre de par sa liberté de ton, son extrême maîtrise des sujets les plus divers, et sa démarche sans concession lorsqu'il s'agît de faire état des aspects les plus noirs de l'âme humaine. Quitte à paraître profondément ...