THE DEVIL'S DOUBLE

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Ce qui est passionnant avec le cinéma, c’est qu’il permet de digérer plus rapidement les grands événements contemporains…Du Vietnam a la guerre d’Algérie, du World Trade Center aux conflit irakien, les réalisateurs nous en ont souvent bien plus appris que les historiens ! L’Irak justement est au cœur de The devil’s double, le film de Lee Tamahori que vous allez voir dans un instant. Le héros s’appelle Latif, un jeune homme qui a le redoutable avantage d’être un sosie quasi parfait de Oudai Hussein, l’un des fils de l’ex-maître de Bagdad.
The devil’s double se déroule en 1987, juste avant la 1ère guerre du Golfe. Sadam est alors un dictateur tout puissant, qui fait régner la corruption et la terreur dans tout le pays, ce qui évidemment aiguise les appétits et les rancoeurs. Solution retenue : engager des doublures pour tromper l’ennemi ! Latif va découvrir l’envers du décor, les pratiques ignobles d’une famille décadente et la déliquescence d’un système. C’est Dominic Cooper, (révélé dans Mama mia), qui incarne cet Irakien ordinaire dont le destin va soudain basculer…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PRESIDENT D'UN JOUR (Devenir un autre, etre pour quelques temps et par procuration au coeur du pouvoir. "President d'un jour" permettait à Kevin Kline de remplacer un chef de la Maison Blanche hospitalise, "The devil's double" offre à Dominic Cooper l'occasion d'etre le sosie expose d'Oudai Hussein...) ou encore LE DERNIER ROI D'ECOSSE (Dans les deux cas, le spectateur est confronte aux dessous des regimes les plus rudes. L'Ouganda d'Amin Dada et l'Irak de Saddam Hussein : meme combat! 2 dictatures au decorum aussi sanglant et tragique...).

Argent, sexe et pouvoir…Trois éléments que l’on croirait tirés d’une feuilleton à l’eau de rose. Ils sont pourtant les moteurs de ceThe devil’s double. La famille Hussein et ses sbires en avaient faits  les fondements d’un régime d’opérette qui cachait une effroyable dictature. Latif doit du jour au lendemain se plier aux règles de fonctionnement démentes de cette tyrannie et épouser le mode de vie de celui qu’il est censé remplacer, Oudai, bourreau des cœurs et des corps…Le jeune homme lutte pour ne pas devenir ce qu’il ne veut pas être. Pour tenter de garder sa raison et sa tête sur les épaules, il doit déjouer les pièges et se faire des alliés dans un univers parallèle où tout le monde le flatte tout en souhaitant sa perte ! Latif est en cela aidé par Sarrab, la concubine de Oudai. La jeune femme subit les frasques de son compagnon et de sa cour. Elle sait que cet édifice fait de sang, de larmes et de dollars s’écroulera un jour ou l’autre. Elle en connait tous les modes de fonctionnement, les détours et les chausse-trapes.
C’est Ludivine Sagnier qui prête ses traits à un personnage troublant et étonnant. La comédienne française incarne généralement des héroines fragiles, entières et manipulatrices. C’était le cas chez Claude Miller, François Ozon, Christophe Honoré ou Claude Chabrol. Elle reste avec The devil’s double dans cet exercice là, y ajoutant une touche de mata-hari orientale…Le tout devant la caméra de Lee Tamahori, un réalisateur néo-zélandais dont le talent presque graphique avait explosé en 1995 avec le film L’âme des guerriers.
Un style exploité sept ans plus tard par les producteurs de James Bond dans Meurt un autre jour. Ce cinéaste d’origine maori est une sorte de roc, un technicien solide, réputé pour sa capacité à mener à bien des projets où l’esthétique compte tout autant que le fond…Sa vision du régime irakien, dévoré de l’intérieur par la folie de Saddam Hussein, cannibalisé par un clan au service d’un clan constitue entre les mains de Lee Tamahori une arme redoutable, non pas de destruction mais de fascination massive !