LE LIEUTENANT OTTOMAN

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Allez, aujourd’hui on révise nos cours d’Histoire. Ouvrez vos manuels, pardon vos tablettes, au chapitre « Première Guerre mondiale » et allez directement au passage consacré au conflit entre Turcs et Arméniens. Je sais que la question est épineuse et divise depuis plus d’un siècle mais ce n’est pas pour cela qu’il faut l’éluder.

Et ça tombe bien : le film de Joseph Ruben que vous allez maintenant découvrir met justement la botte dans le plat. La botte, c’est celle d’un lieutenant musulman de l’armée ottomane, (le nom de l’empire turc jusqu’en 1923), qui va faire la connaissance d’une infirmière américaine, venue soulager les blessés sur le front...enfin pas seulement : les bobos ne se limitant pas à la tête évidemment ! Bref, Ismail et Lillie vont apprendre à se connaître et plus si affinités dans ce contexte violent.

De la romance, oui, de l’action, certes, une portée pédagogique, absolument : The ottoman lieutenant est un film complet, dans lequel et dans des rôles secondaires vous reconnaitrez Josh Harnett et Ben Kingsley...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AUTENT EN EMPORTE LE VENT (Deux êtres que tout sépare mais que la guerre va réunir, pour le meilleur ou le pire. Etats-Unis ou Europe : quand les conflits tentent de marier les destins...) ou encore LA PROMESSE (A quelques mois d'intervalle, deux films américains ont osé aborder la guerre terrible entre Turcs et Arméniens...).

Joseph Ruben, le réalisateur du film que vous venez de voir à un drôle de CV... J’entends par drôle non pas amusant mais intrigant... Pour ses quasi débuts derrière une caméra en 1976, il s’illustre dans The pom-pom girls, astucieusement traduit en français par Lâche-moi les baskets ! Une gaudriole étudiante qui lui vaut de se faire remarquer et d’enchaîner avec quelques autres films oubliables et oubliés jusqu’à « Dreamscape » en 1984, thriller fantastique dans lequel Dennis Quaid et Max Von Sydow pratiquent des expériences effrayantes sur le psychisme de patients victimes de rêves tout aussi anxiogènes...

Deux ans plus tard, Ruben poursuit dans cette veine haletante avec Le beau-père cauchemar progressif qui raconte la transformation d’un jeune marié bien décidé à façonner ou décomposer selon ses envies la famille recomposée qu’il vient de rejoindre en se mariant. Joseph Ruben se fait alors une réputation à Hollywood, celui d’un efficace faiseur de séries B et il assume pleinement ce statut : en 1991, il obtient son plus gros succès à ce jour avec Les nuits avec mon ennemi, dans lequel Julia Roberts tente de fuir son époux maniaque et violent, simulant une noyade avant d’être rattrapée et traquée par son bourreau...

En 1995, nouveau carton au box-office avec Money train, très habile polar survitaminé dans lequel Woody Harrelson s’improvise braqueur d’un magot dans le métro, face à son pote Wesley Snipes, resté lui un honnête homme. Bon, le cinéaste va ensuite un peu se reposer sur ses lauriers, nous offrant des films moins intéressants comme Loin du paradis, (remake du Force majeure de Pierre Jolivet), avec Vince Vaughn, Mémoire effacée avec pourtant l’excellente Julianne Moore ou encore Penthouse north vec Michael Keaton. Et voici donc The ottoman lieutenant, ambitieux film historique, basé sur des faits qui font encore débat entre les nations et porté par un souffle notable à l’image...