THE WALL STREET PROJECT

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Si dans le war game du boursicotage on peut gagner quelques poussières de secondes, à l’arrivée c’est du gros business et des tas de dollars. Deux lascars l’ont bien compris qui ont l’intention de doubler Wall street avec leur ligne spéciale en fibre optique.

Dans l’univers impitoyable de la haute finance, nos francs-tireurs veulent faire du rodéo mais malheur aux vaincus: Jesse Eisenberg et Alexander Skarsgard incarnent les deux petits malins qui voient sur leur route se dresser leur redoutable ex patronne, une Salma Hayek aux cheveux gris qui ne plaisante pas du tout.

Ce nouvel avatar de l’autocritique américaine est signé de Kim Nguyen et il est sorti aux Etats-Unis en 2018 sous le titre original de The Hummingbird project. Traduction : le projet colibri. Regardez comme il va vite le petit oiseau.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver WALL STREET DE OLIVER STONE (1987) (Le portrait d'un trader furieux, dans une banque d'affaires et de son partenaire, un junior dont il est le mentor. Aux marges de la légalité dans un jeu dangereux l'aventure financière est un excitant combat quotidien. Un film prémonitoire et cocaïné sur une génération de costumes cravates qui crurent posséder le monde.) ou encore LE LOUP DE WALL STREET DE MARTIN SCORSESE (2013) (Sexe, drugs and cash, la résistible ascension d'un courtier au début des années 80 et sa déconfiture. Un film moral sur la folie de l'argent facile et sur la rédemption possible dans un monde volatile où tout s'achète et se vend. La vision de Sodome et Gomorrhe par Scorsese et son incarnation par Di Caprio.).

La légende rapporte que Jesse Eisenberg avait entièrement mémorisé le script avant de tourner, une sorte de mémoire absolue appliquée à un projet de haute communication. Faut dire qu’Eisenberg a le sang du geek qui lui coule dans la fibre puisqu’il devint célèbre en 2010, en incarnant Mark Zuckerberg dans The social Network de David Fincher. Son partenaire Alexander Skarsgard, l’homme à la forte poitrine fut le Tarzan signé David Yates en 2016. Il est aussi le fils de Stellan Skarsgard, acteur fétiche de Lars von Trier, bienvenue à la filière suédoise.

Le cinéaste Kim Nguyen, comme son nom ne l’indique pas, nous vient du Québec où il a étudié le cinéma à l’université de Montréal, le scénario, en particuliers. Il est d’ailleurs auteur de tous ses films. Il est sorti de ses frontières avec Rebelle en 2013 qui l’a amené jusqu’aux oscars, dans un film qui évoquait les enfants soldats en Afrique. A 46 ans il est une des figures ascendantes sur le marché du cinéma anglo-saxons d’auteur, d’autant qu’il est bilingue anglais et français.

La bourse reste le haut lieu du western financier dans le cinéma contestataire américain. Paradoxal quand on sait que la plupart des stratégies y sont dématérialisés. Mais c’est on se souvient du Wall Street d’Oliver Stone en 1987, et plus récemment du Loup de Wall Street de Martin Scorsese en 2013. L’Amérique l’ogre ultra libéral génère toujours par le cinéma ses propres anticorps.