TIRÉ À PART

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Une sorte de gentleman éditeur britannique, un petit écrivain français arrogant et, telle une arme, un manuscrit entre eux. Le livre deviendra un évènement. Mais il y aura un prix à payer.

« Tiré à part » est un film français raffiné et cruel sorti en 1997, signé de Bernard Rapp. C’est une sorte de cluedo littéraire à propos de l’imposture et de la culpabilité, à l’époque très inhabituel dans le cinéma français.

Terence Stamp dans le rôle principal hisse l’union jack dans tous ses sourires, Daniel Mesguich se prend pour Marcel Proust, et Maria de Medeiros est aussi venimeuse qu’une critique littéraire. Regardez c’est beau comme un livre dont les pages sont collées.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MISERY DE ROB REINER (1990) (D'après Stephen King, un film sur le livre qui rend fou. Un écrivain est séquestré par sa "plus grande fan" pour qu'il écrive la fin d'une oeuvre telle qu'elle attend. Et quand il écrit autre chose, c'est sa vie qu'il met en danger. Sur le désir de possession des artistes par leurs admirateurs dérangés, un grand film.) ou encore LE MYSTÈRE HENRI PICK DE REMY BEZANÇON (2019) (Un film sur le thème de l'imposture en littérature et la découverte du livre perdu. Cette fois pas d'affaire criminelle mais la question posée du talent et de son récipiendaire. Par-delà les élites et les médias, par-delà les clichés du talent, comment et qui est touché par la grâce?).

Le temps est assassin. Un des figures les plus populaires de son époque est presque oublié aujourd’hui. Il s’appelait Bernard Rapp et a présenté des magazines et le JT, le journal télévisé comme on disait au siècle dernier, pendant des années. Mais l’homme de télévision élégant se voyait cinéaste et, avec modestie, il est allé se frotter au grand écran. « Tiré à part » est son premier film et il renvoie à une partie de son identité anglaise puisqu’il avait un arrière-grand-père issu de la perfide albion.

Le titre fait référence à l’édition limitée d’un ouvrage. C’est aussi l’intitulé d’un polar dont s’est inspiré le film, paru en 1993 et écrit par Jean-Jacques Fiechter, un auteur d’origine suisse.  A l’époque, le livre avait remporté le « Grand prix de littérature parisienne ». Rapp qui a co-écrit le scénario caricature gentiment et l’Angleterre et l’humour anglais, par le biais d’un Terence Stamp machiavélique qui s’appelle Lamb, l’agneau, dans la langue de Shakespeare.

Pour environ trois millions et demi d’euros, budget relativement modeste à l’époque, on aura voyagé des salons littéraires parisiens à la City londonienne, en passant par la Tunisie où toute l’histoire a commencé. Bernard Rapp allait ensuite réaliser quatre autres films en huit ans dont « Une affaire de gout » (1999) et « Un petit jeu sans conséquence » (2004), le temps de faire une ultime carrière de cinéaste. Et puis disparaitre prématurément à l’âge de 61 ans. Un homme pressé, qui n’a pas eu assez de temps pour tout faire.

Cette histoire de vengeance, aussi délicate qu’implacable, est un véritable modèle du genre. La haine et le dégoût ressentis pas Edward Lamb (agneau en Anglais) - parfaitement joué par Terence Stamp - ne ressortent jamais autrement que par la terrible machination ourdie ...

Une petite musique guide l'intrigue et les souvenirs. Tout est impeccablement mené. C'est romanesque, c'est british, il y a une pointe d' humour et de satire, une pointe de savoir-faire sur le monde du livre de sa reliure à son édition. Il y a une histoire d'amour ...

Le premier film de feu le journaliste Bernard Rapp. Coup de maître pour ce premier film où l'intrigue est un livre. Très bonne interprétation des trop rares Terence Stamp et Daniel Mesguich. Pour ceux qui aiment la littérature et le cinéma, et les thriller "différents" A ...