C’est le film de tous les records. Alors balançons quelques chiffres. Le film a couté 200 millions de dollars, soit en monnaie constante plus que le coût du vrai Titanic estimé à 140 millions. C’est le film le plus cher tourné au 20e siècle. Il a rapporté 1 milliard 800 millions. Il a nécessité 160 jours de tournage. La durée du naufrage dans le film est de 2H40’, comme dans la réalité. De même que les 37 secondes que durèrent la collision avec l’iceberg. Le film compte cent rôles parlants et mille figurants. Le film est resté 15 semaines consécutives numéro 1 au box-office américain entre décembre 1997 et avril 1998, une première à l’époque. La scène de la submersion du grand escalier, reproduit entièrement à l’identique ne devait être tournée qu’en une seule prise, le décor étant détruit par les torrents d’eau. C’est le premier oscar du meilleur film à avoir été écrit, dirigé, produit et monté par la même personne. Il a remporté onze oscars.
On pourrait longtemps chiffrer les démesures du projet et l’immensité de son succès et de son influence. C’était un projet de longue haleine qui germait dans l’esprit de Cameron. Il est vraiment né quand le cinéaste a tourné des icebergs au large de la Nouvelle Ecosse. Le cinéaste a commencé par aller visiter l’épave du Titanic et en a ramené des images qu’il a utilisées. La moitié des stars hollywoodiennes ont été envisagées pour jouer les rôles principaux. River Phoenix, Matthew Mc Conaughey et Johnny Depp notamment pour le rôle de Jack. Chez les filles Gwyneth Paltrow a un temps été associée au rôle de Rose. Mais l’alchimie entre di Caprio et Kate Winslet a convaincu définitivement le cinéaste. De Niro devait jouer le capitaine du navire, mais malade, il a dû renoncer. Le tournage a été dantesque. A partir des plans originaux on a reconstruit une maquette à taille réelle du paquebot. Mais seul un côté de la coque a été reproduit. Des milliers de décors intérieurs, boiseries, tapis, vaisselles ont été reproduit à l’identique. Sans parler des costumes, bien sur. La maquette, posée dans un gigantesque bassin contenant 85 millions de litres d’eau, était actionnée par huit vérins hydrauliques pour lui donner son inclinaison au moment du naufrage. La partie arrière pouvait être dressée à la verticale pour le plan final où la poupe du Titanic est engloutie. Pour le reste on a eu recours à des effets spéciaux en 3D mais bien malin qui pourrait distinguer les prises de vue réelles des effets numériques.
Pour certains décors intérieurs, celui du fumoir notamment on a recouru à des bricolages : les acteurs ont joué penchés de côté, pour faire croire que le bâtiment commençait à sombrer. Que d’eau, que d’eau. La Fox et la Paramount, chose rare, étaient associées au projet pour en diviser les risques. Il faut dire qu’au fur et à mesure du tournage le budget s’envolait et les executives devenaient nerveux. Le syndrome du désastre de « Cléopatre » de Mankiewicz hantait les studios. Le devis initial fut dépassé du double en quelques semaines. Cameron qui avait déjà renoncé à la moitié de son cachet, devant la tension ambiante renonça à l’intégrale. Puis en postproduction il proposa de renoncer aussi à ses royalties, ce qui revenait à ne rien toucher du tout. La Fox refusa. Malgré une campagne de dénigrement de la presse, le film sortit en décembre 1997 et les rendit tous riches en quelques semaines. « I’m the king of the world » je suis le roi du monde dit Leonardo di Caprio lors de la fameuse scène à la proue du navire. En fait c’est Cameron qui l’est devenu. Pour l’instant il n’a pas été détrôné.