TONY MANERO

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Premier film d’une trilogie sur la dictature chilienne, Tony Manero raconte l’histoire d’un petit truand qui vit dans la banlieue de Santiago. A 52 ans, il est obsédé à l’idée de ressembler à son idole John Travolta dont il connaît les moindres mouvements à force de visionner La fièvre du samedi soir dans l’espoir de remporter un concours de sosies organisé par un programme de télévision.  Pour se préparer, il répète un numéro de danse avec une petite troupe pour un bar de banlieue.  Occasionnellement, il n’hésite pas à voler et tuer pour se procurer les accessoires minables qui agrémentent son spectacle. 

Avec ce portrait d’un individu totalement incapable d’empathie et aveuglé par la vanité, le réalisateur Pablo Larrain montre en réalité comment un régime autoritaire révèle ce qu’il y a de pire en l’homme. Ici, le rêve dérisoire de gloire justifie les pires bassesses, et la rage obsessionnelle avec laquelle le personnage s’approprie une culture qui lui est étrangère l’empêche de voir que son costume blanc ne lui va pas. Et surtout, il cache une noirceur absolue.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver REALITY (Un poissonnier napolitain devient obsédé par l'idée de concourir dans un reality show) ou encore DESTINATION GRACELAND (Une bande d'anciens prisonniers profite d'une convention de sosies d'Elvis pour cambrioler un casino.).

Réalisé en 2008, Tony Manero est le deuxième long métrage de Pablo Larrain qui trouvait enfin un moyen de régler ses comptes avec le Chili, même s’il n’avait que 2 ans à l’époque où le film est situé. Dans sa note d’intention, il déclarait : « Avec cette histoire, je voulais poser un regard dur sur une société incapable de faire face à son passé récent. Une société qui a les mains couvertes de sang mais qui essaie de passer pour élégante et à la mode, dansant sous des lumières vives tout en ignorant la souffrance des autres ; un pays qui s’est détourné de lui-même, en échange d’un rêve de progrès ».

Il est facile de comprendre que La fièvre du samedi soir, qui raconte comment un jeune de 19 ans cherche avec la danse à échapper à une réalité très sombre a pu résonner chez le petit truand quinquagénaire décrit par Pablo Larrain. Lui aussi fuit une réalité dure, en l’occurrence la dictature militaire, mais il le fait d’une façon égoïste et particulièrement abjecte. En filigrane, on peut aussi voir un parallèle entre la dictature de Pinochet, facilitée par l’intervention de la CIA, et l’imposition par Hollywood d’une culture qui n’est pas nécessairement compatible avec la population locale.

Tony Manero est typique de la façon oblique dont le cinéaste a l’habitude de traiter ses sujets.  A travers l’histoire de ce petit truand, il traite en réalité le contexte, c’est-à-dire le Chili sous la dictature. C’était le premier volet de ce qui deviendra une trilogie. Par la suite, il est revenu à la dictature avec Santiago 73, post mortem qui suit l’histoire d’amour d’un employé de la morgue avec une danseuse qui disparaît mystérieusement, tandis qu’avec No, réalisé en 2012 il suivait la conception d’une campagne de publicité en faveur du Non à Pinochet pour le référendum de 1988. A chaque fois, son acteur-fétiche Alfredo Castro faisait partie de la distribution, tout comme il a joué un rôle principal dans El club, centré sur un groupe de prêtres pédophiles discrètement tenus à l’écart. 

Ne vous fiez pas ni l'affiche ni à la bande-annonce, on n'est pas ici dans une comédie satirique à l'italienne, ni - encore moins - dans une sinistre comédie cynique de Yann Moix, façon Podium (ouf !) S'il fallait rapprocher ce Tony Manero d'un autre film, ça serait sans ...

Voilà un film choc dont on sort un peu pantois tout autant que perplexe. La bande-annonce était prometteuse mais pour une fois très bien faite, ne laissant rien entrevoir du gros de l'histoire. Techniquement c'est presque une horreur. L'image saute, les couleurs et le grain ...