TROIS FEMMES

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Dans les années soixante-dix, Robert Altman auréolé de sa Palme d’or pour sa comédie grinçante MASH, s’est donné les moyens d’alterner de grandes fresques comportant une multitude de personnages comme Nashville et des œuvres plus intimistes qui jouent sur l’épure et un certain symbolisme. Après Images en 1972 et avant Quintet en 1979, c’est le cas de Trois Femmes dont le titre, la trame et plusieurs éléments visuels sont apparus au réalisateur dans un rêve.

Toute une nuit, Altman a en effet rêvé de Millie et Pinky, ainsi que du désert californien et de l’établissement médical où elles officient. Elles étaient déjà interprétées par Shelley Duvall, une de ses actrices de prédilection ainsi que par Sissy Spacek qui venait de faire sensation dans La Balade sauvage de Terrence Malick et dans Carrie au bal du diable de Brian de Palma. Altman n’a eu aucun mal à convaincre les deux comédiennes de le suivre dans cette aventure qui leur a valu diverses récompenses, dont un prix d’interprétation féminine au festival de Cannes 1977 pour Shelley Duvall.

De son rêve, Altman a tiré un traitement d’une bonne trentaine de pages qu’il n’a jamais développé sous forme de scénario classique. Producteur de son film, il a obtenu un accord de la Fox pour la distribution qui lui laissait toute latitude dans sa création. C’est lors des répétitions avec les comédiennes que, en collaboration avec elle, il a inventé une à une chaque séquence. Au risque de faire parfois fausse route et de devoir abandonner certaines scènes tournées. Dans la séquence de cauchemar, le spectateur pourra d’ailleurs découvrir quelques-uns de ces plans initialement abandonnés sur la table de montage.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PERSONA (Cette histoire de fusion entre deux femmes est une des sources d'inspiration de Trois Femmes) ou encore WELCOME TO LOS ANGELES (Un film également produit par Robert Altman et interprété par Sissy Spacek).

Le personnage de Willie, la troisième femme incarnée par l’actrice de théâtre et de télévision Janice Rule s’est imposé au cours de développement de l’histoire. Au départ, elle n’était qu’un second rôle, celui d’une serveuse enceinte. Très vite, son importance dans le récit a grandi. Mais, elle n’est devenue peintre qu’une fois qu’Altman ait reçu les grandes fresques qu’il avait commandé à l’artiste Bohdi Wind pour le générique du début. Saisi par leur beauté et leur portée symbolique, il a eu envie d’intégrer ces peintures dans les décors et a alors imaginé qu’elles étaient l’œuvre de Willie.

Pour composer la musique de son film, Altman souhaitait trouver un artiste qui n’avait encore jamais travaillé pour le cinéma. C’était le cas de Gerald Busby qui s’était fait connaître comme l’auteur de Runes, un ballet qui avait pour thème la communication occulte. Les deux hommes se sont si bien entendus qu’Altman a donné au musicien le rôle du révérend Ruteledge dans Un mariage, son film suivant. En revanche, les chansons de style country ont été spécialement composées pour le film par Allan Nichols, qui avait déjà écrit la musique de Nashville où il était également comédie.

Trois femmes marque la première collaboration d’Altman avec le directeur de la photographie Charles Rosher. Il l’a engagé après un désaccord avec Paul Lohman qui venait de signer la photographie de trois de ses films. Altman a apprécié la souplesse dans le travail de Rosher, parfaitement à l’aise pour suivre les improvisations des comédiennes, tout  en offrant un sens de l’espace saisissant. C’est ainsi qu’Altman a repris Rosher pour Un mariage. Altman n’a jamais caché que, pour Trois femmes, sa grande référence était Persona d’Ingmar Bergman qui traitait aussi de l’échange d’identité dans une relation fusionnelle entre deux femmes. Comme le maître suédois amalgamant les visages de Liv Ullmann et de Bibi Andersson, Altman a joué sur les ressemblances physiques de Shelley Duvall et Sissy Spacek pour créer le trouble.

Robert Altman a toujours prétendu que ce film lui est venu d'un rêve suite à l'hospitalisation de sa femme en 1976. Il dit avoir rêvé l'histoire, l'atmosphère, le titre et même le casting. "Trois femmes" porte sur l'Amérique, ses coutumes, sa culture et montre le rêve ...

Robert Altman est un de ces réalisateurs "montagnes russes", qui a passé sa carrière à alterner le pire et le meilleur. Précisons que chez Bob, les sommets sont vertigineux et les failles insondables. Aussi, chaque découverte d'un élément de sa filmographie vous plonge ...

Lent, flou, terne, ennuyeux à mourir, diront certains... Peu visible, peu vu ... Filmée en couleur, une humanité automatique, en suspension sous le faux soleil de la routine, dans un territoire isolé, une autre planète, ici, ...