UN ANGE A MA TABLE

en VOD

La rencontre entre Jane Campion et Janet Frame était inévitable. Comment l’œuvre d’un auteur relatant la difficulté d’être acceptée en tant que femme et le travail d’une cinéaste interrogeant la place des femmes dans le monde auraient-il pu passer à côté l’un de l’autre ?

Leurs chemins se sont croisés bien avant que Campion ne fasse du cinéma. La future réalisatrice se voit offrir à l’âge de quatorze ans un exemplaire des Hiboux pleurent vraiment, le premier roman de Frame. Il résonnera profondément chez elle, notamment dans le récit de la relation du personnage principal avec sa sœur, faisant écho à celle de Campion avec la sienne, tout aussi douloureuse.

Adapté de l’autobiographie de Frame, Un ange à ma table reste un film à part dans la filmographie de Campion, parce qu’elle y met de côté la grammaire de cinéma qu’elle a bousculé dans ses six courts ou longs métrages précédents. Cette fresque au féminin, imposant l’ADN des futurs films de Campion, de La leçon de Piano à Bright star : des portraits intimes de femme en lutte, quoiqu’il leur en coûte, contre l’ordre établi.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GUY DE MAUPASSANT (Un autre biopic d'écrivain.) ou encore CAMILLE CLAUDEL (Un autre film sur une artiste marquée par son internement en hôpital psychiatrique, comme Janet Frame.).

Quand Jane Campion découvre le premier volume de l’autobiographie de Janet Frame, elle est encore étudiante en cinéma, n’a réalisé que deux courts métrages. Mais elle est déjà convaincue qu’elle doit porter l’histoire de Frame à l’écran. Elle opte pour en faire une série téle, seul support où elle estime qu’elle pourra avoir le temps nécessaire pour la raconter, où pour pouvoir installer les spectateurs dans la même contemplation qu’elle face au livre.

Un ange à ma table sera bel et bien adapté pour la télévision mais sera rattrapé par le cinéma après la palme du court métrage remportée par Campion à Cannes pour Peel en 1982, puis la présence en compétition de Sweetie son premier long métrage. La réalisatrice avait pour autant pensé formellement son film pour le format de l’écran télé. Un ange à ma table redouble de gros plans, faisant ressortir la performance de Kerry Fox, celle des trois actrices (aux côtés d’Alexia Keough et Karen Fergusson  qui la jouent enfant, puis adolescente) la plus présente à l’image pour incarner Frame. L’écrivain est au centre, dans tous les sens du terme de quasiment tous les plans, comme pour lui procurer le narcissisme qui lui manquait dans la vie, signifier à quel point, en dépit d’une légendaire modestie, Frame était une femme marquante.

Un chef d'oeuvre sur la forme: quasi compréhensible sans dialogues (souvent mes films favoris).Et sur le fond: un biopic bourré d'infos tout en étant d'abord distrayant, captivant puis déchirant. Drôle et surtout vivant, car pas amidonné. Et pomme rouge sur le ...

Second film de la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, que je découvre à l'occasion, Un Ange à ma Table est à la base une mini-série en trois épisodes commandée par la TV nationale sur une fierté toute aussi nationale, la poétesse rousse Janet Frame... que je découvre ...

Pour qui a été ébloui par le portrait que proposait Jane Campion dans La leçon de Piano, le visionnage de ce film qui le précède est une nécessité. Les similitudes y sont nombreuses, entre ces rôles de femmes abimées par l’existence et s’en remettant à l’art (ici, ...