UN HAVRE DE PAIX

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Un havre de paix est le premier long métrage du réalisateur israélien Yona Rozenkier qui s’était auparavant fait connaître avec plusieurs courts métrages. Quelques semaines avant la sortie du film en juin 2019, il était d’ailleurs à Cannes avec pas un, mais deux courts, dont un en lice pour la Palme d’or (Parparim).

A l’origine d’Un havre de paix, il y a un conseil de son producteur : ne pas attendre dix ans avant de faire un long métrage. Il a alors l’idée de faire un film sur trois frères à la veille de la guerre du Liban, et d’entraîner ses deux jeunes frères dans l’aventure.

L’intrigue centrale s’inspire ainsi de son expérience, et dépeint sans fard, mais avec un pas de côté qui le rend supportable, le lourd quotidien qui est celui de ces hommes en permanence confrontés à la guerre et à ses spectres. Car, dit le réalisateur, “en réalité, la guerre ne s’arrête jamais”.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GARDEN STATE (De retour dans sa ville natale à l'occasion d'un enterrement, un jeune homme doit affronter son passé pour redonner un sens à sa vie.) ou encore SYNONYMES (Un autre film israélien, ours d'or à Berlin, qui porte un regard critique sur son pays.).

Pour son premier long métrage, Yona Rozenkier souhaitait tourner dans le kibboutz de son enfance, au milieu de ses anciens voisins. “J’ai adoré y vivre”, explique-t-il. “C’était un paradis. Mon enfance a été très étrange, un peu folle. Le kibboutz donne un sens des responsabilités, de l’indépendance et de la liberté très fort.” Adulte, il a malgré tout préféré en partir, ce qui ne l’empêche pas d’y revenir régulièrement. “J’éprouve toujours un sentiment assez ambivalent envers ce mode de vie”, déclare-t-il.

Le réalisateur a d’ailleurs apporté beaucoup d’éléments autobiographiques au récit. L’atmosphère presque irréelle de ce kibboutz quasi désert dans lequel les sirènes d’alarme ont été coupées pour ne pas empêcher les habitants de dormir vient par exemple des souvenirs de Yona Rozenkier, à l’époque où il était encore fermier au kibboutz. De la même manière, lui et ses frères ont passé un week-end sous les bombes en 2006, au moment de la guerre avec le Liban, juste avant que son jeune frère parte au front. Même la partie de paintball, qui tente de renvoyer la guerre à une forme de jeu dont il suffit de maîtriser les règles, s’inspire d’une séance “d’entraînement” organisée par le frère aîné du réalisateur lorsque ce dernier a été appelé à se battre. Dans la réalité, cela se passait dans le salon familial, avec un balai en guise de fusil.

Enfin, bien que Yona Rozenkier incarne le frère aîné machiste et belliqueux, il est dans la réalité plus proche du frère cadet, Yoav, puisqu’il souffre effectivement d’un syndrôme post-traumatique depuis son service militaire. D’où l’importance pour lui de montrer à quel point la valorisation de la virilité et l’exacerbation du sentiment patriotique finissent par être toxiques pour tout un peuple, surtout lorsqu’ils se transmettent sans fin de génération en génération, interdisant toute remise en cause et même toute tentative de questionnement.

Les bombes peuvent éclater à tout moment dans ce coin de cambrousse et la sonnerie du téléphone portable les annoncent régulièrement. D'où viennent ces engins ? Comment les tirs sont-ils repérés ? Des hélicoptères survolent les alentours du kibboutz à tout moment. ...

Avec ce premier long-métrage, Yona Rozenkier assène une bonne droite au culte de la virilité de la société  israélienne. Un havre de paix, vraiment ? Plutôt tout le contraire Le cinéma est friand de réunion de familles, sujet susceptible à engueulade, mise au point, ...

Un jeune homme (Micha Rozenkier) descend du car qui l’a conduit à bon port, dans la campagne israélienne. Averti par son portable d’une bombe imminente, il se protège de la déflagration qui retentit aussitôt, en hors-champ, en s’accroupissant contre l’abri-bus. S’affiche ...