UNE FILLE NOMMÉE LOLLY MADONNA

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Réalisateur d’origine arménienne, né à New York en 1930, Richard C. Sarafian fut l’ami et même, quelques temps, le beau frère de Robert Altman qui lui permit de débuter à la télévision dès la fin des années 1950, mais avec lequel il se fâcha définitivement au milieu des années 1960. C’est avec Terror at Black Falls, un petit western qu’il produisit lui-même en 1962, que Sarafian fit ses débuts au cinéma et c’est avec Andy, l’histoire d’un attardé mental d’une quarantaine d’années, qu’il obtint une certaine reconnaissance ainsi que le mépris total et définitif d’Altman qui voulait, lui-même, tourner le film.

Après Point limite zéro, qui restera son film le plus célèbre, Sarafian revient au western en 1971 avec le très hustonien Convoi sauvage, mené par Richard Harris et John Huston, justement, puis, en 1973, avec Une fille nommée Lolly Madonna, un western contemporain – l’action se déroule en 1969 –, opposant deux familles de paysans du Tennessee déchirées par une impitoyable et meurtrière querelle de voisinage.

Dans le rôle des deux frustes patriarches, Sarafian fit appel à deux comédiens, déjà réunis à l’écran par John Farrow en 1956 dans les Echappés du néant : Robert Ryan (64 ans), grand méchant du cinéma américain qui devait disparaître cinq mois après la sorti du film, et Rod Steiger (48 ans), grande gueule, héros malgré lui de la révolution mexicaine dans Il était une fois la révolution que Sergio Leone venait de tourner un an plus tôt. Dans le rôle de son fils, vous reconnaitrez Jeff Bridges, 24 ans seulement et, pourtant, déjà nommé à l’Oscar pour son rôle de timide collégien texan dans la Dernière séance de Peter Bogdanovich.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ROMEO ET JULIETTE (1968) (Souvent comparés aux Montaigu et aux Capulet de Shakespeare, les Feather et les Gutshall de Sarafian se déchirent aussi dramatiquement.) ou encore CARNAGE (1972) (Personnages frustes et violents (un cadavre fini en saucisse), règlement de compte, proxénétisme et foire aux bestiaux... Bienvenue à Kansas City !).

Sorti au Etats-Unis en février 1973, Une fille nommée Lolly Madonna mettra trois ans à traverser l’Atlantique, débarquant à Paris en janvier 1976. L’accueil critique y fut mitigé. Les Nouvelles littéraire affirment que « tout est factice et mal fabriqué » et le Quotidien de Paris évoque la « poignée de cinéphiles illuminés [qui considèrent Sarafian] comme un grand homme », tout en signalant, cependant, qu’il s’agit d’un « petit film injustement méprisé ». Jean-Luc Douin dans Télérama salue l’interprétation « hors pair » de Rod Steiger, Robert Ryan et Jeff Bridges, « les Montaigu et les Capulet de l’Ouest américain », écrit-il tout en insistant sur la « tendresse avec laquelle Sarafian dépeint ces deux familles déchirées ».

Si le Nouvel observateur évoque, lui aussi, Shakespeare c’est pour épingler un « Roméo et Juliette réalisé sans nuance », précisant que « l’histoire est invraisemblable de bout en bout » et que Rod Steiger est bien « peu crédible en Cherokee porté sur le ketchup ». En revanche, Le Monde éprouve « une grande compassion » pour ces personnages «incultes, vivant dans des fermes de bois délabrées, n’ayant plus pour morale que des préjugés » Très sévères, dans 50 ans de cinéma américain, Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier parleront d’un « festival de cabotinage. »

Outre Shakespeare, c’est très souvent à Eskine Caldwell que furent comparés l’ambiance et les personnages de ce film. Romancier américain né en 1903, Caldwell, en effet, mit souvent en scène des paysans misérables et violents, récolteurs de tabac ou de coton, dont le cinéma s’inspira à plusieurs reprises : en 1941 avec la Route du tabac, dans lequel John Ford dirigeait une débutante nommée Gene Tierney, en 1958 avec le Petit arpent du bon Dieu, d’Anthony Mann avec (déjà) Robert Ryan, et, plus récemment, en 1983, avec le Bâtard, un film du français Bertrand Van Effenterre relocalisé en Provence avec un Gérard Klein assassin du souteneur de sa mère. Après Une fille nommée Lolly Madonna, Richard C. Sarafian poursuivra sa carrière à la télévision et au cinéma où il dirigera encore Burt Reynolds et Lee J. Cobb dans le Fantôme de Cat Dancing, Sean Connery dans The Next Man ou encore Charlton Heston dans une pochade de science-fiction intitulée Solar Crisis. 

Encore un film disparu des mémoires, par un réalisateur oublié qui n'a pas eu le succès de ses pairs de la "nouvelle vague américaine" des années 70, et sans doute surévalué du fait d'une seule vision qui avait été particulièrement frappante à l'époque. "Une fille ...

Quand on voit au générique que la chose est produite par la MGM, soit une des grandes majors Hollywoodienne, que le générique fait défiler les noms de, excusez-moi du peu, Robert Ryan, Rod Steiger, Jeff Bridges, Season Hubley, Gary Busey…, que le réalisateur menant ce casting ...