UNE HOTESSE TRES SPECIALE

Nous devons à Pierre Unia quelques petits succès du cinéma érotique français des années 1980, comme Baby Cat et Dortoir des grandes. Mais ce producteur-réalisateur de films industriels a surtout à son actif une pléthore de longs métrages porno tournés entre 1975 et 1987, sous le pseudo de Renau Pieri, parmi lesquels cette Hôtesse très spéciale de 1979, caractéristique de sa filmographie, qui a souvent mis au premier plan des personnages féminins, non plus comme objets sexuels mais comme femmes libres et avides de jouir comme elles l’entendent.

Ainsi Eléonore, cette hôtesse, est très spéciale car elle prend sa sexualité en main et manipule les hommes. C’est elle qui surprend son professeur d’équitation en train de se masturber et qui le drague. Elle encore qui menace deux chasseurs beaufs avec leurs fusils et obtient une place auprès de l’un d’eux. Indépendante, elle ne rend pas de comptes à son amoureux jaloux. Libérée, elle aime fantasmer et semble saisir toutes les occasions pour éprouver du plaisir avec les hommes comme avec les femmes.

Malgré quelques extravagances qui comblent des fantasmes masculins et fragilisent le réalisme de ce portrait féminin, on peut être touché par cette liberté qui s’appuie sur le naturel de la comédienne, Céline Gallone, trop souvent cantonnée dans des seconds rôles de bonnes copines ou de jeunes étudiantes. Créditée Céline Longa, elle mène cette fois la danse, affichant un volontarisme amusé. Son meilleur rôle reste sans doute l’Alice de la rêverie carrollienne de Francis Leroi, Alice chez les satyres. Notons aussi, dans une scène de rêve, la présence de Marilyn Jess, cheveux courts, bientôt promise au vedettariat.