UNE ODYSSEE BI D'HPG

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« Le bi, c’est l’avenir du monde » affirme HPG dans son film, le prouvant de façon éclatante en filmant lui-même sept séquences hard minutieusement développées. Mais attention, HPG s’interdit le trio habituel qui confronte un homme avec deux femmes, situation érotique convenue dans laquelle la bisexualité n’est que féminine. Il lui préfère une femme avec deux hommes. La combinaison n’est certes pas nouvelle mais elle aboutissait toujours à la double-pénétration de la femme, sans que les partenaires masculins ne s’épanchent entre eux. Dans son Odyssée bi, HPG évite aussi cette figure classique au profit d’une bisexualité assumée, plus proche des pratiques intimes des couples.

Piscine intérieure privée, appartement et canapé, salon et salle de bains sont les écrins d’une complicité renouvelée. Enfin des hardeurs qui se sucent, qui se sodomisent sous les regards brillants de femmes qui ne tardent jamais à participer aux étreintes. HPG ne s’embarrasse d’aucune histoire, simplement préoccupé par l’enregistrement des actes.

Dans plusieurs séquences, les musiques d’ambiance sont heureusement bannies au profit des gémissements et des halètements en son direct. Il multiplie les cadrages qui mettent les trios en valeur. Les corps composent des diagonales qui lui permettent d’exploiter au mieux les avant et arrière-plans. Avec HPG à la caméra, il s’agit plus de quatuors que de trios en fait. Il est un troisième homme, voyeur mais dont le sexe surgit parfois au bord du cadre, provoquant aussi l’exhibitionnisme des acteurs dont vous noterez quelques regards caméras appuyés. Il est surtout l’ordonnateur de la montée des plaisirs.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BARCELONA SEX PROJECT ou encore SHORTBUS .

Malgré des débuts œcuméniques prometteurs, le porno hétéro imposa ses règles univoques, et le porno gay se développa à son tour dans un même esprit orthodoxe, poursuivant leur chemin parallèle, sans jamais se soucier de la bisexualité. Au détour des années 2000, la bisexualité semble se développer chez les couples échangistes et attire la curiosité des médias érotiques. Il n’en faut pas plus pour voir émerger cette nouvelle niche dans les sex-shops et sur internet.

HPG ne s’est jamais soucié de ces clivages. Ce n’est pas un hardeur traditionnel. Dès ses débuts en 1990, il a aussi bien travaillé pour Alain Payet ou Marc Dorcel que pour le vidéaste gay Jean-Daniel Cadinot. Hétéro, gay, bi, il a tout fait, développant un appétit sexuel sans limite, contrairement à ses nombreux collègues. Car si la bisexualité a eu tant de mal à exister en pornographie, c’est aussi parce que la plupart des hardeurs se confortaient dans un schéma masculin classique et craignaient d’écorner leur mâle virilité.

Devenu son propre producteur, HPG a continué d’œuvrer dans la diversité sexuelle. Ainsi, l’Odyssée bi s’inscrit dans un tryptique, également composé d’une Odyssée hétéro et d’une Odyssée homo. Trublion de la pornographie française, transgressant les tabous culturels en forçant aussi le terrain du cinéma d’auteur, HPG sera certainement l’homme par qui les sexualités se mélangeront enfin définitivement. Il ne sera dès lors plus question de porno hétéro, gay ou bi, mais simplement de cinéma pour adultes.