VACANCES À VENISE

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Voici venir Venise en Technicolor avec Katherine Hepburn dans son rôle de vieille fille -celle dont on disait jadis qu’elle était le poison du box office- se balader sur le Rialto et la place Saint Marc en cette année 1955, c’est un des privilèges spatio-temporels du cinéma.

C’est un faux film de touristes que ce Vacances à Venise où un coeur solitaire va découvrir les feux de la passion. J’ai l’air de railler mais non, c’est une oeuvre mélancolique du grand David Lean.

C’est aussi un film sur le fossé culturel entre la modeste secrétaire américaine, quelque peu frustrée et puritaine, et le beau mâle italien incarné par Rossano Brazzi. Ils s’aiment en dépit de tout et malgré le mensonge. Une histoire simple mais pas sommaire, la preuve.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MARTY DE DELBERT MANN (1955) (Bousculant les canons de séduction de l'époque, ce film relate la timide passion amoureuse de deux êtres ordinaires. Il n'est pas bien beau, elle est à peine charmante mais ils trouvent l'amour dans la peur de l'amour.) ou encore VACANCES ROMAINES DE WILLIAM WYLER (1953) (L'Europe en ces années 50 est d'un fol exotisme, les GI's en ont ramené un témoignage ému. Et Rome, comme Paris ou Venise, ne peut qu'être le témoignage de la beauté et de la passion.).

Summertime est le titre original de ce onzième film du grand cinéaste anglais. La nuance est difficile à traduire en français : on dira, littéralement, « le temps de l’été ». C’est pour l’héroïne la saison d’un amour sans lendemain. Ce film était dit-on le favori de David Lean. Il est un écho lointain de Brève rencontre qui, déjà, relatait les amours perdues d’avance. Il se situe dans une ville où l’on ne fait que passer, et que le cinéaste non seulement découvre mais qu’il va adorer et cela se voit.

La part de mystère de la sérénissime est bien là, comme elle le sera dans Eva de Joseph Losey, Mort à Venise de Visconti, ou dans Don’t look back de Nicolas Roeg, mais dans une version plus mélancolique que mortifère. Le film est aussi caractéristique d’une thématique du cinéaste : la frustration sexuelle chez la femme. Son ultime chef d’œuvre La route des Indes, en sera un ultime écho en 1984. Inutile de dire que Katherine Hepburn qui ne tarira pas d’éloge sur le cinéaste y est magistrale d’indécision, de colère, de maladresse.

Le film est assez méconnu si on le compare au Pont de la rivière kwai, Lawrence d’Arabie, ou Docteur Jivago. Il se situe au moment précis où Lean va devenir un hollywoodien, grand maître des superproductions internationales. Mais, déjà, il dirige avec doigté Isa Miranda, suggérant, délicatement une tension homosexuelle avec Hepburn. Et aussi Rossano Brazzi plus subtil que le latin lover attendu, le même Brazzi qui fut le comte, impuissant cette fois, de La comtesse aux pieds nus de Mankiewicz, un an auparavant. L’acteur a 39 ans, neuf de moins que Katherine Hepburn. Cela donne au film une mélancolie supplémentaire et une belle audace. Une femme mure qui couche avec un homme plus jeune, le scandale était là. Pourtant le film, extrêmement respectueux des êtres, ne montre que leurs inclinaisons et leurs failles.

Ce film est lent. Très lent. On a l'impression que Lean, d'habitude conteur passionnant, tire en longueur un scénario de moyen métrage. C'est le seul défaut du film. Car ceci mis à part, c'est une très belle oeuvre. Loin des comédies romantiques stéréotypées (style Vacances ...

Tourné bien avant ses chefs-d'œuvre qu'on lui connait, il n'est pas si évident de retrouver la patte de David Lean dans Vacances à Venise. Le film est certes mineur au regard du reste de sa filmographie, mais il reste néanmoins un bon drame romantique. Le cinéaste consacre ...

A plusieurs égards, ce film représente la fin de la première carrière de David Lean, avant ses superproductions que l'on connait. Ici, on garde un ton plus intimiste dans l'histoire, qui se laisse agréablement conter ; une américaine célibataire part en voyage à Venise ...