Mort en 1989, l’Américain Emile De Antonio, marxiste avoué et placé haut dans le panthéon de grands polémistes tels que Noam Chomsky, est venu sur le tard au cinéma. A 43 ans, après avoir frayé dans le milieu artistique new yorkais, plus précisément du côté de la peinture et de la sculpture.
Ses documentaires banissent la voix off assimilée à un prêt à penser, privilégient trouvaille visuelle dénichée au fond des archives et aiment ces images apparemment perdues, généralement coupées au montage, comme ces militaires français au Vietnam qui cherchent longuement une pièce, manifestement trop petite, à donner au tracteur de leur pousse-pousse.
Son premier documentaire, Point of order en 64, réduisait en 97 minutes, les 187 heures de films des auditions publiques effectuées par le sénateur McCarthy en 54, alors à la chasse aux communistes dans l’armée américaine.
Le second, Rush to Judgement en 67, portait sur l’assassinat de Kennedy en pointant sur ce qui ne collait pas, mais sans la frénésie et la paranoia auxquels ses nombreux émules nous ont habitués.
Dans la dizaine de films que compte en tout sa carrière, on peut noter qu’il a d’une certaine façon pavé la route d’Oliver Stone, qui, de Platoon à JFK et Nixon en passant par la production de plusieurs documentaires, a lui aussi, souvent dénoncé l’histoire américaine, même s’il l’a fait avec beaucoup moins de calme.
Alors, si on cherche des films plus grand public à propos de la guerre du Vietnam, un des premiers qui vient à l’esprit, c’est Hair, la comédie musicale montée en 68 à Broadway, devenue un film en 79 sous la caméra de Milos Forman.
On peut aussi revoir le Full Metal Jacket de Stanley Kubrick ou encore, dans un rayon français plus nostalgique, la 317e Section et Dien Bien Phu de Pierre Schoendoerffer.
Quant à l’année du Cochon, qui n’a pa dû être sélectionnée au hasard par De Antonio comme titre de son film, mais plus sûrement pour son double sens avec ‘salopard’, comme les autres animaux du calendrier chinois, elle revient tous les 12 ans. Comme par exemple en 1959 et en 1971.
Et pour en revenir à 1969, ce fut définitivement un bon cru pour le cinéma puisque, pour les nominations des Oscars de ce millésime, on retrouvait en lice, outre le film de De Antonio: Macadam Cowboy de John Schlesinger, On achève bien les chevaux de Sydney Pollack, Butch Cassidy & le Kid de George Roy Hill ou encore Z de Costa Gavras.