LA LEÇON DE PIANO

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Débarquer un piano à queue par gros temps sur une plage lointaine de Nouvelle-Zélande, voilà une épreuve pour les protagonistes mais qui offre l’une des plus belles scènes de l’histoire du cinéma.  

Tout le monde se souvient de l’arrivée en plein XIXe siècle de cette femme, de sa petite fille et de son colossal instrument de musique dans une pays lointain aux populations étranges. Il s’agit de « La leçon de piano », film envoûtant de Jane Campion, sorti en 1993. 

Holly Hunter mutique dans les moiteurs tropicales, Sam Neill en mari froid et distant, enfin Harvey Keitel un maori blanc, vont tourner autour de ce piano où se trouve l’âme de la belle écossaise. Parfois, il faut aller bien loin pour découvrir un amour hors norme et retrouver la propre musique de soi-même. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU (Des paysages sauvages, une histoire d'amour qui bouleverse les convenances et surtout un grand portrait de femme : à n'en pas douter, le magnifique film de Céline Sciamma s'inscrit dans la continuité de "La leçon de piano".) ou encore LA FILLE DE RYAN (Moins connu que "Lawrence d'Arabie" ou "Docteur Jivago", "La fille de Ryan" est pourtant un des sommets de l’oeuvre de David Lean, l'histoire d'une femme en manque d'amour sur les plages sauvages d'Irlande.).

Jane Campion a obtenu avec « La leçon de piano » la Palme d’or au festival de Cannes 1993 (ex-aequo avec « Adieu ma concubine » du chinois Chen Kaige). Et Holly Hunter le prix d’interprétation féminine. Un beau doublé sous les auspices de Louis Malle, président du jury. Cette palme se doublait d’une première : jamais une femme réalisatrice n’avait reçu la récompense suprême sur la Croisette. Il faudra attendre 28 ans pour qu’une autre cinéaste -Julia Ducournau avec « Titane »- ne reçoive (seule) cette palme dorée.  

Au-delà des statistiques genrées, ce drame romantique a été écrit par Campion, elle recevra d’ailleurs l’oscar du meilleur scénario original. Pas tout à fait original d’ailleurs puisque le récit est une adaptation clandestine de « Histoire d’un fleuve en Nouvelle Zélande » de Jane Mander, dont le nom ne figure pas au générique pour d’obscures raisons de droits d’auteur. Le film a été tourné sur les lieux de l’action, en Nouvelle-Zélande donc, dont Campion est originaire.  

C’est Holly Hunter qui a appris le piano depuis son plus jeune âge qui interprète elle-même les passages musicaux. Parmi les actrices auditionnées avant elle figuraient la fine fleur des interprètes anglo-saxonnes, mais aussi Isabelle Huppert et Juliette Binoche… La petite Anna Paquin, qui joue l’enfant, avait onze ans au moment du tournage. On lui a interdit de voir le film achevé à cause des évocations de la sexualité des personnages. Comme prix de consolation, elle a obtenu un Oscar du meilleur second rôle… 

Admirons enfin la performance de Holly Hunter qui n’a pas une seule ligne de dialogue à jouer. Et pourtant, elle a été plébiscitée dans le monde entier, et de nombreuses actrices auraient tué pour avoir ce rôle. Pour l’anecdote, c’est le dernier film vu par Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana, la veille de son suicide. Il l’aurait beaucoup aimé. Est-ce que tout cela aurait à voir avec les vertus du silence ?  

Ada McGrath est une jolie jeune femme veuve et muette. Son principal moyen d'expression et ses moments d'émotion passent par les sonorités de son piano dont elle joue merveilleusement bien et qui sont les seuls témoins de ses joies et de ses peines. Toutefois, afin de rompre ...

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