CAPRI-REVOLUTION

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Situé dans les paysages fabuleux de l’île de Capri, à la veille de la Première Guerre mondiale, Capri-Révolution dépeint le cheminement d’une jeune bergère qui va découvrir des valeurs différentes, des modes vie en opposition radicale avec les traditions patriarcales de sa famille.

La paysanne illettrée cède en effet à la fascination qu’exerce sur elle une communauté d’artistes qui pratiquent le naturisme et se livrent à des chorégraphies avant-gardistes dans la nature. Sous la houlette d’un jeune peintre, cette colonie adepte de l’amour libre entend s’affranchir de certains dogmes pour bâtir un nouveau modèle social fondé sur l’art et la créativité.

Lors de la Cérémonie des David Di Donatello (les Oscars du cinéma italien) en mars 2019, Capri-Révolution s’est vu récompensé pour ses costumes ainsi que sa musique, composée par Philipp Thimm et Sascha Ring, compositeur et DJ connu aussi sous le nom d’Apparat. Quelques mois plus tôt à Venise, le film avait déjà reçu plusieurs prix, dont celui attribué par le syndicat des critiques italiens.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA CECILIA (Des anarchistes italiens fondent une colonie utopique au Brésil dans les années 1890) ou encore GOLDEN DOOR (Les rêves de vie meilleure de paysans siciliens au début du XXè siècle).

L’idée du film est venue au réalisateur Mario Martone en contemplant les toiles du peintre Karl Diefenbach à la Chartreuse San Giacomo de Capri. Cet artiste qui s’est établi sur l’île au tout début du XXè siècle avait vécu dans une communauté en quête d’harmonie avec la nature dans une ancienne carrière en Bavière. Une forme d’anticipation sur les expériences des années 1960 et 1970. « Pour moi, cela a immédiatement entraîné un court-circuit temporel et j'ai pensé à Joseph Beuys, un artiste révolutionnaire qui a réalisé, ces années-là, Capri Batterie, une lampe alimentée au citron. » explique le cinéaste. Martone a voulu avec son film interroger l’art non comme recherche esthétique mais comme une nouvelle approche entre les gens découlant d’une vision politique.

Anagramme de Beuys, le personnage de Seybu s’inspire en fait du peintre allemand Karl Diefenbach. Cette figure qui marqué l’histoire de Capri avait donc fait partie d’une communauté rejetant la monogamie et pratiquant le naturisme et le végétarisme. Cheveux longs et allant pieds nus, il portait une simple longue tunique blanche par tous les temps. En débarquant à Capri en 1900, il avait trouvé dans le site de l’île une source d’inspiration parfaite pour les paysages tourmentés de ses toiles où il intégrait du sable et d’autres éléments afin de créer des effets de matière.

Avant de commencer ses tournages, Mario Martone a l’habitude de montrer un classique du cinéma à ses comédiens. Pour Capri-Révolution, il leur a fait voir des extraits de trois oeuvres. Tout d’abord, Le Miracle, un épisode de L’Amore de Roberto Rossellini où une jeune bergère se laisse abuser par un homme qu’elle croit être Saint-Joseph. Le deuxième film choisi était Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni, sorti en 1970 et très marqué par la contre-culture de cette période, qui reste fameux notamment pour une scène d’amour dans le désert. Enfin la troisième référence cinématographique était Le Mépris de Jean-Luc Godard et ses plans inoubliables filmés dans la villa Malaparte surplombant la mer à Capri.