ÊTRE PROF

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Le droit à l'enseignement n'est pas une chose qui coule de source : en 2023, il est estimé que près de 258 millions d'enfants sont déscolarisés dans le monde. La place des professeurs est d'autant plus primordiale dans le système éducatif. Avec Être prof, Emilie Thérond est partie aux quatre coins du monde pour voir comment trois d'entre elles pratiquent leur métier. 

Svetlana, Sandrine et Taslima ont la particularité de travailler dans des pays (la Sibérie, le Burkina Faso, Le Bengladesh) où les institutrices ont un rôle allant bien au-delà de l'apprentissage scolaire. Elles sont un maillon social essentiel pour permettre aux enfants de s'émanciper par le savoir. 

À travers cet attachant triple portrait, Être prof fait à la fois un état des lieux d'une vocation portée par la volonté de transmission de valeurs, en dépit d'obstacles sociaux ou culturels et celui d'un regard féminin protecteur, accompagnant les jeunes générations défavorisées pour qu'ils puissent affronter le monde. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SUR LES CHEMINS DE L'ÉCOLE (Comme Être prof, cet autre documentaire part à la rencontre de systèmes éducatifs à travers la planète, du côté des élèves cette fois.) ou encore UNE ANNÉE POLAIRE (Le récit, une année durant, d'un professeur ayant fait le choix de s'installer dans un village reculé du Groenland).

Le milieu de l'enseignement n'est pas inconnu d'Émilie Théron. La réalisatrice y avait déjà consacré un documentaire (Mon maître d'école, en 2015) suivant la dernière année d'un instituteur dans les Cévennes avant son départ en retraite. Il l'avait marquée par sa relation généreuse avec des élèves, tirés vers le haut par ses méthodes et ses encouragements. Cette rencontre nourrira l'envie chez la réalisatrice de prolonger cette exploration auprès d'autres instituteurs dans des pays aux contextes sociaux ou politique moins stables que la France, afin de vérifier si la vocation de ce métier peut y subsister. 

Ainsi, Être prof amène à rencontrer Svetlana, maîtresse sans école fixe, affrontant les températures extrêmes de la taïga sibérienne pour aller donner des cours aux enfants des nomades éleveurs de rennes. Taslima doit faire elle aussi face à des conditions climatiques rudes : elle fait classe sur un bateau, flottant sur les eaux montantes de la mousson au Bengladesh. Tandis que Sandrine, citadine élevée à Ouagadougou, découvre son métier au contact de la population d'un village burkinabé reculé, où l'analphabétisme est quasiment une norme. 

Au-delà de la question de la survie d'un système scolaire dans des pays où il n'est pas culturellement tenu comme nécessaire, Être prof se fait aussi récit d'une sororité, quand les parcours de ces trois femmes, chevronnées ou débutantes (c'est la première année d'enseignement pour Sandrine), géographiquement aux antipodes se rejoignent : que ce soit dans des natures profondément indépendantes (Svetlana apprend aussi à ses élèves à découvrir et apprécier leurs racines de tribu nomades, Taslima, célibataire par choix dans un Bengladesh patriarcale, pousse les filles de ses classes à affirmer leurs volontés...). La part du don de soi pour permettre à d'autres d'acquérir un savoir pour vivre mieux n'en est ici que plus admirable. 

C’est une réalisation d’Émilie Thérond. Être prof a été produit par Barthélémy Fougea, déjà à l’origine de Sur Le Chemin De L’école en 2013. Ce documentaire français sort le 5 octobre 2022 en salle.En France, aller à l’école est une normalité. Il ne faut ...