LA SAVEUR DES COINGS

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Chacun vit différemment le deuil. C’est une évidence et pourtant, La saveur des coings du couple de cinéastes et scénaristes Kristina Grozeva et Petar Valchanov offre à cette question un regard un peu différent. Le film commence lors des funérailles d’Ivanka, l’épouse de Vasil, un artiste-peintre septuagénaire. Lors de cette cérémonie, le peintre pense que son épouse veut communiquer avec lui depuis l’au-delà. Surtout, il a manqué le dernier appel de son épouse avant sa mort et est obsédé par l’idée de savoir ce qu’elle voulait lui demander.

Le film suit donc un long parcours sur le deuil, où le vieil homme semble prêt-à-tout pour entrer en contact avec son épouse et pour finalement vivre son deuil. Le personnage paraît aussi barré que triste, au grand dam de son fils, Pavel, le vrai personnage central du film, qui voit son père se noyer dans ce délire ésotérique. Un fossé les sépare. Fossé que le film prend le soin de montrer avant de peut-être le résorber.

Car si Pavel parait à priori plus cartésien, plus sain dans son deuil, c’est en fait un personnage seul, qui ment à sa femme sans trop que l’on sache pourquoi. C’est aussi une âme triste, sentiment renforcé par les yeux de chiens battus de l’acteur Ivan Barnev.

La question de l’acceptation du deuil est récurrente au cinéma. Dès lors, dans le même genre, vous pourriez aimer Amanda de Mikhaël Hers ainsi que Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ARBRE (Parce que le deuil prend parfois des chemins inattendus: après la mort de son mari, Charlotte Gainsbourg pense qu'il continue à vivre sous la forme d'un beau figuier.) ou encore NEBRASKA (Parce que ce road movie tragi-comique à travers l'Amérique rurale explore lui aussi les relations père-fils.).

Les fameux coings du titre ont un double sens. On découvre que le fils, Pavel veut en prendre pour sa femme. Surtout, on se rend compte à la fin que l’épouse défunte demandait à son mari de faire de la confiture de coings. Il est alors très émouvant que le générique de fin soit accompagné par les bruits en cuisine pour faire cette confiture.

Mais la présence de ce fruit si particulier est aussi une métaphore de la Bulgarie, où se passe le film. C’est en tout cas ce qu’explique Petar Valchanov : « Le coing est un fruit immangeable à moins que vous ne le travailliez. Cela est un miroir des relations humaines dans le récit. Le coing devient symbole du pont entre les générations, mais également entre les membres de la famille d’ici et de l’au-delà. »

La saveur des coings ne juge pas ses personnages, même face aux comportement un tantinet étrange. Il les montre, nous les fait accepter et indique à quel point le deuil est un travail intime qui peut se faire en créant ces fameux ponts entre les personnes. Et peut-être en mangeant de la confiture de coings, qui sait.

À l’heure où est attendu, sur un thème finalement voisin, le très médiatique « Falling » (2020) - médiatique du fait de son réalisateur, Viggo Mortensen, et de sa production nord-américaine -, s’avance sur la pointe des pieds un modeste film bulgare ; modeste par ...

Le goût bulgare des films du tandem Kristina Grozeva et Petar Valchanov est devenu familier avec The Lesson et Glory et maintenant The Father. Ce dernier se démarque tout de même des deux premiers par son aspect beaucoup moins social, ancré qu'il est dans une relation familiale, ...