PARIS-MANHATTAN

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La passion d'une vie peut-elle aliéner la passion dans la vie ? De cette question en forme de sujet de bac philo, Sophie Lellouche tire un premier film que vous allez maintenant découvrir. Il entre dans la case de ce qu'on l'on appelle la comédie romantique et il en a d'ailleurs tous les atours, à commencer par ses deux héros : Alice Taglioni et Patrick Bruel.

La première est Alice dans le film, pharmacienne de son état et comme le ténanos, elle semble repousser tout éventuel prétendant ! Belle comme un cœur, pétillante et intelligente, la jeune femme reste une indécrottable célibataire, malgré les efforts désespérés de ses proches et de sa famille pour la caser à tout prix ! En fait, l'embêtant avec Alice, c'est que la grande affaire de sa vie, ce sont les films de Woody Allen et au fil des ans, ne manquant aucun des opus du réalisateur newyorkais, elle a fini par préférer l'amour de fiction à l'amour tout court !

Mais l'irruption du séduisant Victor, interprété par Patrick Bruel, va peut-être changer la donne…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JEAN-PHILIPPE (La fascination pour une personnalité, qu'elle soit cinéaste ou chanteur peut avoir des conséquences inattendues. Dans "Paris-Manhattan", Alice Taglioni calque son existence sur celle des héros des films de Woody Allen. Dans "Jean-Philippe", Fabrice Luchini ne peut accepter un monde où Johnny n'existerait pas. Vivre par procuration, est-ce vraiment vivre ?) ou encore PRETE-MOI TA MAIN (Le poids de la famille dans les choix amoureux...Dans ces deux films, la pression affective de l'entourage proche est un frein à l'épanouissement des individus, jusqu'au moment où les enfants décident de s'émanciper et de vivre enfin par et pour eux-mêmes...).

Ne vous trompez pas sur son patronyme qui en rappelle d'autres célèbres : Sophie Lellouche est une débutante dans le métier de la réalisation ! Elle n'a aucun lien avec Claude, Gilles ou Philippe, si ce n'est un même amour des histoires à raconter. La jeune femme signe avec Paris-Manhattan un premier long métrage prometteur après avoir mis en scène un court métrage très remarqué en 1999 : "Dieu que la nature est bien faite" avec un débutant depuis largement confirmé, Gad Elmaleh…

Un pessimiste heureux face une optimiste malheureuse : l'intrigue du film que vous venez de voir fonctionne sur une mécanique parfaitement huilée et rappelle en effet les chroniques sentimentalo-comico-psychologiques de Woody Allen. Une filiation assumée et revendiquée par Sophie Lellouche, qui va bien au-delà du simple clin d'œil puisque le cinéaste joue son propre rôle à la toute fin de Paris-Manhattan.

Un petit tour de force et une petite journée de tournage en forme de cadeau inestimable : l'auteur de La rose pourpre du Caire, de Annie Hall ou Minuit à Paris joue bien de temps en temps dans ses propres films mais passer devant la caméra ne fait pas partie de ses grands objectifs de vie ! A peine une quinzaine de films en tant que comédien, dont deux français au passage : celui-ci donc et le mythique King Lear de Jean-Luc Godard en 1987…

Sophie Lellouche ne voulait cependant pas pousser trop loin la passerelle avec l'œuvre de Woody Allen. Son récit est d'ailleurs largement teinté de sa propre expérience de vie et explore jusqu'au bout l'idée que le véritable amour s'accomplit en oubliant les modèles et les codes qui rythment notre vie jusqu'à ce qu'on rencontre la bonne personne. L'ultime belle idée du film est d'avoir inventé un couple de cinéma jusqu'ici inédit. Patrick Bruel est un habitué des personnages de séducteurs mais il incarne ici un homme plus tendre et fragile que d'habitude. Face à lui, Alice Taglioni, enfin de retour au premier plan. La perte tragique de son compagnon, Jocelyn Quivrin, en 2009 l'avait tenue éloignée des plateaux durant de longs mois…