STAR TIME

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Sous les dehors d’un banal film de tueur en série, ce premier long métrage du réalisateur Alexander Cassini traite un sujet qui n’a jamais cessé d’être d’actualité, au moins aux Etats-Unis : l’impact des média sur des individus fragiles et en manque d’attention.

C’est ce qui arrive au personnage principal, Henry, qu’on découvre dans son appartement décrépit où il vit seul en regardant compulsivement des séries télé. Lorsque son programme préféré se termine, il est sur le point de basculer dans la folie. Tandis qu’une assistante sociale tente de le maintenir à flot, il fait la rencontre de Sam, un mystérieux manipulateur qui le persuade qu’il deviendra célèbre en tuant des gens. Partagé entre deux influences contradictoires, Henry ne sait plus où donner de la tête.

Ce film injustement méconnu mérite d’être apprécié pour ses ambitions qui dépassent ce que les apparences laissent supposer. Tout en apportant des éléments de réflexion, il installe une atmosphère mystérieuse qu’il est tentant de rapprocher du cinéma de David Lynch.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NIGHT CALL (Parce que Jake Gyllenhaal est glaçant dans le rôle d'un homme prêt à tout pour devenir célèbre : il filme des accidents de la route mortels pour ensuite revendre les images à la télévision.) ou encore DISJONCTÉ (Parce que Jim Carrey est hilarant (comme d'habitude) mais aussi angoissant dans le rôle d'un sociopathe obsédé par la télévision et prêt à toutes les folies pour se faire des "amis".).

Star time est le premier long métrage d’un réalisateur qui n’a malheureusement pas eu l’occasion de totalement concrétiser les promesses contenues ici. Par la suite, il a réalisé un film familial insignifiant, avant d’enchaîner sur quelques séries pour la télévision. Le principal atout de Star time vient de sa dynamique simple et efficace, réduite à trois personnages, Henry étant au centre de deux influences contradictoires. Dans le rôle d’Henry, Michael St Gerard trouve un rôle assez éloigné de ceux auxquels son physique l’avait habitué. Révélé par Hairspray de John Waters, il s’est très vite fait remarquer pour sa ressemblance avec Elvis Presley jeune, ce qui lui a valu d’interpréter le rôle à plusieurs reprises, notamment dans la mini série Elvis qui a duré dix épisodes. Etrangement, il a eu une révélation en 1994 qui l’a incité à abandonner sa carrière pour se consacrer à l’instruction religieuse en tant que pasteur dans une paroisse de Harlem.  

John P. Ryan avait 64 ans lorsqu’il a pris le rôle du manipulateur Sam dans Star time. Son physique menaçant et son intensité le prédisposent aux rôles de méchants, ou de figures d’autorité, comme des flics ou des militaires, ce qui ne l’empêchait pas d’incarner des personnages sensibles et touchants, comme celui du père tragique dans Le monstre est vivant (Larry Cohen, 1974). Il a été un gangster mémorable dans Cotton club (Francis Ford Coppola, 1984) mais un des ses rôles de méchants les plus mémorables reste celui de Runaway train (Andrei Konchalovsky, 1985). 

Dans le rôle de l’assistante sociale, Maureen Teefy représente un espoir de guérison pour le fragile Henry. L’actrice s’était fait remarquer pour son rôle de Doris dans Fame. Elle a été l’épouse du réalisateur Alexander Cassini jusqu’en 2007. Elle est depuis passée à la mise en scène pour le théâtre. Cassini s’est beaucoup appuyé sur son directeur de la photo Fernando Arguelles pour contribuer au style visuel du film, après une préparation méticuleuse. Après avoir filmé 85% du film, Arguelles a été obligé de quitter la production avant d’être remplacé par Janusz Kaminski, le futur chef opérateur de Steven Spielberg.