UNE FEMME DU MONDE

en VOD

Une femme du monde de Cécile Ducrocq plonge dans le quotidien de Marie, prostituée strasbourgeoise qui exerce sa profession depuis une vingtaine d’année. Elle a ses habitudes et ses habitués mais sa tranquillité vole en éclat. Pour payer les études de son fils âgé de dix-sept ans, elle doit changer sa façon de travailler car elle a soudain besoin d’une grosse somme d’argent pour financer une école hôtelière huppée. Ce film fait découvrir plusieurs facettes du métier de travailleuse du sexe en balayant de nombreuses idées reçues à son sujet.

Marie est incarnée par Laure Calamy. Bien des spectateurs ont découvert cette actrice dans la série Dix pour cent qui a donné un véritable coup de pouce à sa carrière. Elle a obtenu un César en 2021 pour Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal où elle partait en randonnée avec un âne et le prix Orizzonti de la meilleure actrice à la Mostra de Venise la même année pour A plein temps d’Eric Gravel où elle joue une mère débordée entre son métier et ses enfants.

Cécile Ducrocq signe ici son premier long métrage. Elle s’est appuyée sur sur son court métrage La Contre-allée, sorti en 2014) parce qu’elle estimait qu’elle n’en avait pas fini avec le sujet de la prostitution. Elle voulait aussi retrouver Laure Calamy qui tenait le rôle principal de ce précédent film. Les deux femmes se sont inspirées de Marie-France, une prostituée qui a travaillé rue Saint-Denis, à Paris, pour créer le personnage de Marie. Elles souhaitaient développer sa personnalité de façon à en faire une héroïne.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES NUITS DE CABIRIA (Giulietta Masina est bouleversante en prostituée courageuse dans ce drame réalisé par son époux Federico Fellini.) ou encore KLUTE (Jane Fonda a remporté un Oscar pour son rôle de prostituée dans ce thriller signé Alan J.Pakula.).

Avant de tourner Une femme du monde, Cécile Ducrocq a revu des films mettant en scène des personnages de prostituées comme Mamma Roma (1976) de Pier Paolo Pasolini ou Les Nuit de Cabiria (1957) de Federico Fellini. Elle s’est aussi de nouveau penchée sur la filmographie de Rainer Werner Fassbinder. Elle tenait à monter que Marie n’a rien d’une victime même si son métier n’est pas facile. Il lui semblait important de différencier cette femme qui exerce son métier à son compte de celles qui sont exploitées par des réseaux et des proxénètes. Elle souhaitait aussi souligner l’hypocrisie d’une société où les travailleuses du sexe payent des impôts mais peinent à obtenir un prêt bancaire.

Laure Calamy s’est passionnée pour le personnage de Marie qu’elle a pu davantage creuser que dans La Contre-allée. Elle avoue que son amitié avec la réalisatrice a atténué son appréhension à l’idée de reprendre le rôle sept ans après le premier tournage. Elle estime que la situation de Marie est proche de celle de nombreuses mères qui doivent subvenir seules au besoin de leurs enfants. Comme dans bien des métiers, Marie souffre de la mondialisation et des réseaux qui cassent les prix. La comédienne considère cette héroïne comme une lionne, une femme indépendante qui est satisfaite de sa profession. A la fin de film, le fait qu’elle retourne sur le trottoir ne doit pas être considéré comme un échec.

La comédienne a été aussi influencée par les récits de la prostituée et artiste Grisélidis Réal qui a écrit ses commentaires sur ses clients dans son livre Le Carnet de bal. La première scène d’Une femme du monde où Marie consigne ses impressions sur l’homme qui lui rend visite s’en inspire. Cécile Ducrocq tenait à ce que cette séquence de sexe ouvre le film pour montrer comment les choses se passent mais elle ne voulait pas que cela devient répétitif. Elle a choisi de montrer cette passe de façon crue, sans rien cacher afin de faire rentrer immédiatement le spectateur dans le quotidien de Marie.

Un petit film recommandable qui doit beaucoup à l'habileté de sa réalisatrice, Cécile Ducrocq, et au talent de son actrice principale, Laure Calamy. La première filme le plus simplement du monde le plus vieux métier du monde, n'entretenant aucun effet de sidération ...

Histoire/Scénario : Marie se prostitue depuis 20 ans à Strasbourg. Son fils, Adrien, rêve de devenir chef cuisinier. Pour qu’il intègre une grande école réputée, il va falloir qu’elle gagne beaucoup d’argent et très vite. Un scénario bien ficelé, sans vraie faute ...

Une comédie dramatique dont le plus grand mérite est le regard qu'elle porte sur la prostitution : franc, direct, ni misérabiliste, ni ironique, loin des clichés sur le sujet. On découvre diverses situations : la femme indépendante, les jeunes femmes exploitées, le bordel ...