URSULE ET GRELU

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Après les Feux de la chandeleur, qui était un drame, Serge Korber retrouve Annie Girardot avec Ursule et Grelu, mais change de registre en adaptant le roman de Leopold Chauveau sous forme de comédie burlesque.

L’actrice y joue une employée de l’Armée du salut qui, en provoquant le naufrage de son bateau, fait brièvement connaissance avec l’accordéoniste Grelu, lequel en profite pour lui faire un enfant avant de disparaître. La suite est une série de retrouvailles et de séparations aléatoires qui révèlent à chaque fois des liens de plus en plus forts.

Bernard Fresson, qui avait précédemment tenu un rôle secondaire dans Les feux de la chandeleur, joue ici le rôle de Grelu, l’accordéoniste ambitieux qui devient milliardaire. A cette époque, l’acteur partageait la vie d’Annie Girardot. Au cours des multiples péripéties que réserve le film, le couple improbable rencontre une série de comédiens truculents, parmi lesquels Jean Carmet, qui vole presque la vedette à l’occasion d’une scène particulièrement touchante.

 
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Alors que Claude Lelouch l’avait consacrée avec Vivre pour vivre, et que Michel Audiard lui avait ouvert les portes de la comédie avec Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais elle cause, Annie Girardot connaissait au début des années 70 une période faste. Elle était l’actrice la mieux payée de France, et sa présence au générique était considéré comme une garantie de rentabilité quel que soit le genre. Avant Ursule et Grelu, Serge Korber avait réalisé deux films avec Annie Girardot, dont Les feux de la chandeleur, adaptation d’un roman de Catherine Paysan qui disait en substance que pour être heureuse, une femme ne devrait pas s’occuper de politique.

Il reste une trace de cette idée dans la comédie Ursule et Grelu au cours du sketch où le personnage d’Annie Girardot rejoint un groupe de féministes, et c’est à cette occasion qu’elle laisse tomber le militantisme lorsqu’elle retrouve son amoureux.

Serge Korber déclarait que c’était un bonheur de diriger Girardot parce qu’elle fait exactement ce qu’on lui demande. Si le scénario requiert des choses totalement folles, elle les fera. Il ajoutait qu’elle ne lit qu’une seule fois le script. Elle avait une mémoire incroyable et il lui suffisait de lire une scène pour être en mesure de la tourner. Naturellement, la première prise n’était pas nécessairement la bonne, mais la seconde était parfaitement au point. Elle suivait les instructions à la lettre, en y ajoutant sa personnalité.

Le directeur de la photo Jean-Jacques Tarbès est également un habitué de Serge Korber, avec qui il est ami. Ils en sont arrivés au point où ils n’ont pas besoin de beaucoup se parler pour se mettre d’accord sur l’ambiance visuelle qui convient au film. Korber se souvient que Tarbès avait la particularité d’éclairer très peu. Il se servait beaucoup de la lumière naturelle, ce qui faisait parfois paniquer les acteurs qui craignaient de ne pas être vus. Cette façon de procéder a fait des émules, beaucoup de chefs-opérateurs s’étant essayés à leur tour à tourner en lumière naturelle.