DER JOKER

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Parce que c'est l'occasion de découvrir le travail de Peter Patzak. Bien que véritable institution en Allemagne pour avoir dépoussiéré les séries télés policières à la fin des années 70 – c'est lui qui en a fait un phénomène mondial en dynamisant, par un esprit plus moderne, entre autres les épisodes de Tatort –, le travail de ce réalisateur a très rarement franchi le Rhin, en dépit de films très remarqués pour le regard franc sur la société allemande (par exemple en étant un des premiers cinéastes à aborder le néo-nazisme).

Parce que Der Joker aura ressourcé le Krimi, équivalent germanique de notre cinéma policier. Particulièrement populaire dans les années 60, ce genre avait fini par s'émousser dans des enquêtes de plus en plus molles. Avec Der Joker, Peter Patzak en réécrira les codes : ton plus nerveux, atmosphère plus trouble, esthétique flashy...

Parce que le casting de Der Joker est ahurissant. Si le projet a été monté pour faire de Peter Maffay, rock-star allemande (50 millions de disques vendus) une vedette de cinéma d'action, cette tête d'affiche est entourée d'une distribution internationale hors-norme. Tandis que la part locale est renforcée par des acteurs vétéran (Armin Mueller-Stahl, familier de Fassbinder), Der Joker a enrôlé Tahnee Welch (fille de Raquel, alors auréolée du succès de Cocoon), l'anglais Michael York ou l'italien Massimo Ghini.

Parce que Der Joker est une incroyable capture des années 80. Inspiré à la fois par les clips qui tournaient en boucle sur MTV et les mauvaises manères du cinéma urbain américain qui inondait autant les écrans que les vidéo-clubs, Peter Patzak filme les quartiers louches d'Hambourg comme s'ils étaient délocalisés dans les rues mal famées new-yorkaises d'Alphabet City. Idem pour la photo sous influence néon-fluo (Dietrich Lohmann, l'un des deux chef-opérateurs sera d'ailleurs ensuite recrutés par Hollywood), ou une B.O plus proche des boîtes à rythmes funky que du Krautrock. Wilkommen in der 80's !