DERNIER AMOUR

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Et si Casanova ne connaissait pas si bien les femmes que ça ? C'est l'hypothèse principale de Dernier amour. Benoit Jacquot y accompagne un Casanova en fin de parcours sentimental, à l'heure des bilans pour le laisser revenir sur sa plus profonde blessure : celle causée par une courtisane qui s'est refusée à lui.

A vrai dire Dernier amour est sans doute l'histoire du premier, voire le seul qu'ait éprouvé le plus célèbre des séducteurs. Jacquot en fait une histoire de résistance, donne les cartes du jeu à une jeune femme, la Charpillon, qui veut enseigner à Casanova la différence entre le désir et la passion.

Dernier amour décape l'imagerie d'Epinal autour d'un prétendu Don juan comme d'une époque ou le libertinage était un art de vivre. Le Casanova selon Jacquot devient un homme moins sulfureux, plus tourmenté par la fièvre d'un amour se dérobant sans cesse à lui, pour un film délibérément mélancolique, étonnamment romantique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CASANOVA DE FELLINI (Une vision, forcément personnelle, de Casanova par Fellini) ou encore SHAME (Plus contemporain que Dernier Amour, Shame n'en raconte pas moins la même difficulté pour un Don Juan de faire la différence entre consommation sexuelle et sentiments.).

Dernier amour a ramené Benoit Jacquot à une passion de jeunesse, celle qu'il éprouva pour Histoire de ma vie, l'autobiographie de Giacomo Casanova qu'il découvrit à la fin de son adolescence, devenu un de ses textes fétiches. Y compris dans sa manière d'aller à contre-courant de l'image récurrente du Vénitien, donnée par les divers films lui ayant été consacrés. Jacquot préférant voir dans le parcours de ce séducteur, un protocole amoureux, loin d'un papillonnage de femme en femme, mais surtout une forme d'honnêteté intellectuelle chez Casanova, cherchant à travers ses multiples conquêtes, la femme de sa vie.

Dernier amour envisage que La Charpillon, une courtisane qui avait encore moins froid aux yeux que Casanova fut celle-ci, en imposant ses propres règles dans leurs relation virant au jeu de chat et de la souris comme en devenant sa parfaite égale sur le terrain de la séduction. A travers les chassés-croisés de ces deux-là, c'est autant un duel de cœur qu'une réflexion sur un rapport de pouvoir entre hommes et femmes qui s'esquisse.

La volonté de sortir des sentiers battus avec Dernier amour s'est aussi jouée en coulisses : lorsque Vincent Lindon, ayant eu vent du projet, s'est rapproché de Benoît Jacquot pour qu'il lui confie le rôle de Casanova, le réalisateur a d'abord émis des réticences, estimant que l'acteur, dans ce qu'il symbolise d'une certaine masculinité, était à l'inverse de sa vision du personnage. Jusqu'à concevoir une correspondance entre les deux par l'âge de Lindon et celui de Casanova au moment où le visite le film, ce moment où l'on peut faire la paix avec ses regrets, ou la pénombre du crépuscule approchant éclaire différemment les expériences de la vie. Le choix de Stacy Martin pour interpréter la Charpillon, aura été motivé par sa découverte dans Nymphomaniac, l'audacieux film de Lars Von Trier, révélant une liberté comme une insolence chez l'actrice, correspondant au caractère du rôle. Le tandem Lindon/ Stacy confirmant, après Les adieux à la reine, la capacité d'un Jacquot à raconter les rapports humains dans un contexte historique mais sans jamais être académique.

Inspiré des mémoires de Casanova, voici le dernier film de Benoît Jacquot que j'avais raté en salle. Il faut dire que la bande-annonce ne me disait rien du tout, et puis la perruque poudrée ne va pas très bien sur la tête de Vincent Lindon. Passé ce détail, le film, finalement, ...

A l'instar du film avec Edouard Baer où ce dernier jouait un libertin patenté, Casanova se fait boulotter le cerveau par une courtisane enchaînée à sa mère proxénète et à son funeste destin. L'amour qui semble naître entre les deux personnages n'est qu'effleuré, et les ...